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 Solution technique - Août-Septembre 2021

RE2020 : la réglementation environnementale remplace la réglementation thermique


Depuis 1974, les réglementations thermiques se sont succédé avec toujours plus d’exigences et des champs d’application de plus en plus vastes. Après le RT2012, en application depuis le 1er janvier 2013, la RE2020 franchit une nouvelle marche : les acteurs de la construction ont pu travailler sur un indicateur carbone en cycle de vie, ce qui a permis de calibrer la réglementation environnementale…


La réglementation environnementale RE2020 concerne les bâtiments neufs pour les décennies à venir : un quart des bâtiments de la France de 2050 n’est pas encore construit. Avec cette nouvelle réglementation, trois principaux objectifs sont poursuivis :
– donner priorité à la sobriété énergétique et à la décarbonation de l’énergie ;
– diminuer l’impact carbone de la construction des bâtiments ;
– garantir la fraîcheur en cas de forte chaleur.

Méthode
Souhaité en cohérence avec la stratégie nationale bas-carbone, la RE2020 décrit une trajectoire progressive, notamment en ce qui concerne les exigences constructives liées à̀ la diminution de l’empreinte carbone. Suivent les étapes.
• Réduire la consommation – Dans la lignée des RT précédentes, il s’agit de poursuivre la baisse de la consommation des bâtiments neufs. La meilleure énergie est celle qu’on ne consomme pas ! La RE2020 sera plus exigeante que la RT2012, en particulier sur la performance de l’isolation quel que soit le mode de chauffage installé́, grâce au renforcement de l’indicateur de besoin bioclimatique (Bbio), que la RT2012 mettait peu en avant. Une fois réduits les besoins en énergie, il est essentiel que cette énergie soit la plus décarboné́e possible, notamment à travers le recours à̀ la chaleur renouvelable (pompe à̀ chaleur, biomasse…). À̀ ce titre, les exigences de la RE2020 vont entraîner la disparition progressive du chauffage utilisant des énergies fossiles dans les logements. Elles conduiront également à ne plus avoir recours à̀ des modes de chauffage électriques peu efficaces (radiateurs à̀ effet Joule). À̀ l’inverse, les modes de chauffage électrique performants (pompes à̀ chaleur) et à̀ partir de chaleur renouvelable seront systématisés.
• Bilan carbone complet sur le cycle de vie – Ensuite, il s’agit de diminuer l’impact sur le climat, en considérant l’ensemble des émissions du bâtiment sur son cycle de vie, dès la construction. En effet, pour des bâtiments énergétiquement performants, comme ceux construits selon la RT2012, l’essentiel de l’empreinte carbone est lié aux phases de construction et démolition, qui représentent entre 60 et 90 % de l’impact carbone total calculé́ sur une durée de cinquante ans. Les exigences visant à limiter ces impacts permettront d’encourager puis de systématiser les modes constructifs qui émettent peu de gaz à̀ effet de serre. Cela signifie implique de construire plus souvent, puis systématiquement, avec du bois et des matériaux biosourcés qui stockent le carbone pendant la durée de vie du bâtiment. À travers ces exigences, c’est une transformation profonde de la manière de construire qui s’engage.
• Adaptation au changement climatique – Enfin, la RE2020 contribue à ce que les bâtiments de demain soient adaptés au changement climatique, par exemple en étant confortables lors des vagues de chaleur. Les bâtiments devront en effet mieux résister aux épisodes de canicule déjà courants et qui seront encore plus fréquents et intenses à l’avenir. Alors que l’inconfort en été est un défaut souvent relevé sur de nombreux bâtiments construits selon la RT2012, la réglementation RE2020 impose une exigence spécifique.

Tableau ST 126

Similitudes et évolutions
Sur le plan énergétique, la RE2020 s’appuie sur les bases de la RT2012. Par exemple, les cinq usages réglementaires sont conservés (chauffage, refroidissement, éclairage, production d’eau chaude sanitaire et auxiliaires). La méthode de calcul de la performance énergétique utilise la plupart des algorithmes de calcul de la RT2012.
La RE2020 ajoute notamment :
• une nouvelle surface de référence, la SHAB (résidentiel) et la SU (tertiaire) ;
• le calcul de la consommation d’électricité relative au déplacement des occupants à l’intérieur du bâtiment (ascenseurs…), aux systèmes d’éclairage et de ventilation des parkings, à l’éclairage des parties communes en logement collectif ;
• des scénarios météorologiques mis à jour, notamment avec insertion d’une séquence caniculaire pour le calcul du confort d’été ;
• l’évolution du coefficient de conversion en énergie primaire de l’électricité. Il passe de 2,58 à 2,3 ;
• une prise en compte systématique des besoins de refroidissement ;
• une pénalisation forfaitaire des besoins de refroidissement ;
• à présent, six indicateurs font l’objet d’exigences dans la RE2020 (voir tableau).

 


Calendrier
Après avoir été décalée, à cause de la Covid-19, la RE2020 devrait entrer en vigueur au 1er janvier 2022. Sont concernés les maisons individuelles, les logements collectifs, de même que les bâtiments de bureaux et d’enseignement primaire et secondaire. Les bâtiments « autre tertiaires » conserveront les exigences de la RT2012 jusqu’à la fin de 2022 (RE2020 en vigueur au 1er janvier 2023). Idem pour les constructions et extensions de petite surface, selon des exigences qui restent à définir.
En se fixant une trajectoire progressive, la RE2020 s’inscrit dans le temps long : la réglementation sera progressivement de plus en plus exigeante, depuis son entrée en vigueur en 2022, jusqu’à 2030 avec trois jalons prévus (2024, 2027 et 2030), qui constituent autant de marches de rehaussement des exigences. Concrètement, ces trois étapes verront le renforcement progressif des exigences carbone pour les logements. En revanche, pour le Bbio et le Cep, les valeurs sont connues et stables dès 2022.



À propos des énergies renouvelables
Pour l’électricité photovoltaïque produite sur place, un calcul théorique d’autoconsommation est réalisé. La part autoconsommé́e n’apparaît pas dans le bilan Cep, ni dans l’indicateur Cep,nr.
Le calcul du Cep comptabilise uniquement les énergies importées (renouvelables ou pas) nécessaires à la couverture des besoins du bâtiment. L’indicateur ne comptabilise donc pas les énergies renouvelables produites sur la parcelle du bâtiment.
La consommation d’une chaufferie bois ne sera pas comptée dans le calcul du Cep,nr, tout comme la part renouvelable ou de récupération de la chaleur fournie par un réseau de chaleur.
En d’autres termes, le seuil Cep,nr incitera à utiliser de la chaleur renouvelable et de récupération (bois, réseau de chaleur) ou à produire des ENR et contraindra à limiter le recours aux autres sources d’énergie.
Le seuil Cep va dans le même temps limiter la consommation totale d’énergie quelle que soit la source, y compris biomasse et réseau de chaleur.

Michel Laurent

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