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 Solution technique - Mai 2021

Éclairage et économie circulaire : quels enjeux, quels outils ?


L’économie circulaire vise à changer de paradigme par rapport à l’économie dite linéaire, en limitant le gaspillage des ressources et l’impact environnemental et en augmentant l’efficacité à tous les stades de l’économie des produits.


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L’économie circulaire vise à changer de paradigme par rapport à l’économie dite linéaire, en limitant le gaspillage des ressources et l’impact environnemental et en augmentant l’efficacité à tous les stades de l’économie des produits.

Selon l’Ademe, l’économie circulaire peut se définir comme un système économique d’échange et de production qui, à tous les stades du cycle de vie des produits (biens et services), vise à augmenter l’efficacité de l’utilisation des ressources et à diminuer l’impact sur l’environnement tout en développant le bien-être des individus.
C’est donc pour promouvoir un autre modèle de développement économique, plus sobre en ressources et minimisant les impacts environnementaux, qu’est apparue la notion d’économie circulaire, par opposition à l’économie linéaire qui se fonde sur le schéma suivant : extraire (des ressources) – produire – consommer – jeter. À l’inverse, l’économie circulaire vise à boucler les flux de matières et d’énergie en mobilisant trois stratégies : réduire l’utilisation de ressources, réutiliser les produits et recycler les matières.
La notion d’économie circulaire naît en France au début des années 2010, notamment avec la parution d’un rapport de l’Ademe en 2013, puis, en 2016, la loi de transition énergétique en fait l’un des piliers de son action. Enfin, en avril 2018, le gouvernement présentait la feuille de route sur l’économie circulaire, qui fait écho au paquet économie circulaire adopté par le Parlement européen en décembre 2017.

Selon l’Ademe, la notion d’économie circulaire s’articule autour d’une prise en compte large de trois champs sur l’ensemble des ressources :
• la production et l’offre de biens et services, c’est-à-dire l’approvisionnement durable en ressources – qu’elles soient renouvelables ou non renouvelables –, l’écoconception des biens et services, le développement de l’écologie industrielle et territoriale et la mise en œuvre de l’économie de la fonctionnalité (recours à un service plutôt que la possession d’un bien) ;
• la consommation ou la demande et comportement des consommateurs. Achat responsable, bonne utilisation des produits, recours au réemploi et à la réparation ;
• la gestion des déchets. Elle doit favoriser le recyclage et, si besoin, la valorisation énergétique.

SolTech 124 2La production et l’offre de biens et des services
L’approvisionnement durable concerne le mode d’exploitation/extraction des ressources limitant les rebuts d’exploitation et l’impact sur l’environnement, notamment dans l’exploitation des matières énergétiques et minérales ou dans l’exploitation agricole et forestière tant pour les matières/énergies renouvelables que non renouvelables. Ce pilier recouvre les éléments relatifs aux achats privés et publics (des entreprises et des collectivités). Le passage aux LED a permis, depuis une décennie déjà, de réduire considérablement les quantités de matériaux grâce à la miniaturisation des luminaires.
L’écoconception vise à prendre en compte l’ensemble du cycle de vie en minimisant les impacts environnementaux. L’analyse de cycle de vie (ACV) est un outil essentiel dans une transition vers un modèle d’économie circulaire et permet d’évaluer les impacts environnementaux d’un produit ou d’une technologie, d’identifier ceux qui sont significatifs et d’en déduire des priorités pour améliorer la conception des produits. L’ACV permet aussi de comparer deux systèmes (ou deux produits) pour en déterminer le plus vertueux, de structurer et de valoriser une démarche d’écoconception et de donner du poids à l’offre commerciale en communiquant, sur la base de données quantifiées, de manière transparente, les avantages environnementaux des produits. Le profil environnemental produit (PEP) enregistré au titre du Programme PEP ecopassport est une déclaration environnementale de type III au sens de la norme ISO 14025 ; il nécessite la réalisation d’une ACV multicritères. Les règles de définition des catégories de produits (Product Category Rules) fournissent les règles communes à appliquer pour la réalisation d’ACV des produits électriques, électroniques et de génie climatique. L’extension du référentiel PCR à des familles de produits spécifiques peut impliquer la définition d’exigences complémentaires appelées règles spécifiques aux produits ou PSR (Product Specific Rules), comme le PSR-0014-ed1-FR-2018 07 18 concernant les luminaires et disponible sur le site de PEP ecopassport.
L’écologie industrielle et territoriale, dénommée aussi symbiose industrielle, constitue un mode d’organisation inter-entreprises par des échanges de flux ou une mutualisation de besoins.
Le fondement de l’économie de la fonctionnalité s’appuie sur le fait que le fabricant ne vendant plus son produit mais son usage a tout intérêt à proposer des produits à longue durée de vie et évolutifs pour optimiser ses coûts. Ainsi, de plus en plus de fabricants offrent à leurs clients la possibilité de louer leurs luminaires pendant une certaine période et un service complet d’installation des luminaires et des systèmes de gestion électronique, de maintenance et de remplacement des luminaires, modules LED, drivers.

SolTech 124 5Demande et comportement des consommateurs
La consommation responsable nécessite que le consommateur puisse faire un choix principalement au regard de ses achats soit en considérant les impacts de ceux-ci en matière de ressources, d’environnement et de durée de vie des produits, soit en privilégiant la consommation collaborative (location, prêt, achat collectif) à l’achat individuel. Dans cet objectif, il convient de privilégier les produits à plus longue durée d’usage, réparables et qui, le cas échéant, peuvent être mis à niveau. Ce choix nécessite pour l’acheteur de disposer des éléments d’information nécessaires comme au travers de l’affichage environnemental. Certains industriels proposent déjà de reprendre non seulement leurs propres luminaires mais aussi ceux de la concurrence afin de les réparer (agissant notamment sur les composants électroniques) et d’en prolonger ainsi la durée de vie.

La gestion des déchets
Le recyclage consiste à collecter des produits usagés, à les transporter, à les trier, les dépolluer, les broyer ou les démonter, à séparer les matières en vue de produire des matières recyclées qui seront incorporées dans la fabrication de nouveaux produits en remplacement de matières vierges. En France, c’est l’organisme ecosystem qui organise la collecte, le réemploi, la réparation, la dépollution et le recyclage des équipements électriques et électroniques (DEEE), des lampes, luminaires et appareillages détenus par les professionnels comme les particuliers.

Isabelle Arnaud

Sources
1. Ademe.
2. Mettre en place une démarche d’économie circulaire, par Franck Aggeri, Rémi Beulque et Helen Micheaux, Centre de gestion scientifique (CGS-i3), Mines ParisTech, PSL Research University.
3. L’Association française des entreprises pour l’environnement (EpE) et l’Institut national de l’économie circulaire (Inec) ont publié un travail conjoint sur les indicateurs d’économie circulaire pour les entreprises.

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