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 Solution technique - Janvier-Février 2020

PAC : considérer et résoudre les nuisances acoustiques au voisinage


Comment considérer les nuisances sonores relatives à l’unité extérieure d’une PAC aérothermique lorsqu’elle est susceptible de déranger le voisinage proche ? L’Afpac (Association française pour les pompes à chaleur) s’est penchée sur le sujet avec le CIDB (Centre d’information sur le bruit). Voici quelques pistes et recommandations à prendre en compte.


SolTech em113 ViessmannEn maison individuelle, la PAC prend aujourd’hui une place importante, tandis que les parcelles des maisons neuves sont de plus en plus réduites. D’où une proximité avec d’autres habitations et le risque d’importuner les voisins les plus proches de l’unité extérieure. Voilà pourquoi la prise en compte des bruits générés s’impose lors de l’étude d’intégration de la PAC.

Quantifier les bruits sur site
De quel « bruit » parle-t-on ici ? Voici tout d’abord deux définitions à intégrer : le bruit résiduel est le bruit mesuré localement sans le fonctionnement de la PAC, tandis que le bruit ambiant (ou bruit en marche) est quant à lui le bruit considéré avec le fonctionnement de la PAC.
En amont d’un projet, il est déjà utile de considérer les caractéristiques sonores des unités extérieures afin de les comparer aux estimations de bruit résiduel selon le site d’implantation. (Voir tableau 1)

Les données issues des fabricants
La puissance acoustique (Lw), exprimée en dB(A), caractérise la capacité d’émission sonore de la source indépendamment de son environnement. Cette puissance acoustique (Lw) est mesurée en laboratoire. C’est la valeur qui permet de comparer directement les appareils entre eux.
La pression acoustique (Lp), exprimée en dB(A), est la grandeur acoustique perçue par l’oreille humaine et mesurée par le sonomètre. Pour une source donnée, la pression acoustique (Lp) dépend de l’environnement d’installation et de la distance à laquelle sont réalisées les mesures.

SolTech em113 Tab1
Conversion puissance/pression

Le second tableau permet de convertir le niveau de puissance acoustique en niveau de pression acoustique en champ libre d’une PAC placée au sol sans aucun obstacle autour d’elle, le tout en fonction de la distance d’éloignement.

Mesures réelles sur site
Malgré ces valeurs théoriques issues des fabricants et les données estimées en fonction de l’activité des zones d’implantation, il est fortement conseillé de procéder à des mesures de bruit résiduel sur site. Les mesures permettant de calculer l’émergence doivent être réalisées en limite de propriété. Dans le cas de bâtiments, elles doivent être faites dans les pièces à vivre avec les fenêtres ouvertes et fermées. Par ailleurs, la réglementation (décret du 31/08/2006) distingue l’émergence entre le jour (7 h-22 h) et la nuit (22 h-7 h).
Les mesures effectuées sur site donnent des résultats en dB(A). La réglementation précise clairement quel niveau d’émergence acoustique est autorisé, sachant que l’émergence acoustique résulte de la différence entre le bruit en marche et le bruit résiduel. Ainsi, le jour, l’émergence acoustique maximum autorisée est de 5 dB(A). La nuit, elle doit être inférieure ou égale à 3 dB(A).

SolTech em113 Tab2
À propos de réverbération du bruit

En premier lieu, l’implantation de l’unité extérieure doit être visuellement la plus discrète possible. À ce titre, il est recommandé de prévoir des dispositifs d’intégration de la PAC (haies, canisses…) qui dissimulent au mieux l’équipement, sans toutefois risquer de perturber les échanges thermiques (pollution ou encrassement) ou la mobilité des pièces en mouvement.
En matière de sonorité, il faut éviter toute implantation dans un angle ou dans une cour intérieure. Plus la cour est petite, plus la réflexion sonore est importante. Voici quelques exemples d’influence de l’implantation sur le niveau de pression acoustique :
• PAC placée au sol ou sur une terrasse, +0 dB(A) ;
• PAC placée contre un mur, +3 dB(A) par rapport à une situation en champ libre ;
• PAC placée dans un angle, +6 dB(A) ;
• PAC placé dans une cour intérieure, +9 dB(A).
D’une façon, générale, le niveau de pression acoustique est réduit de 6 dB(A) par doublement de la distance. Ainsi, une pression acoustique Lp (en champ libre et dans le meilleur des cas) de 54 dB(A) à 2 mètres de la machine devient 48 dB(A) à 4 mètres.

Comment limiter l’émergence sonore ?
Plusieurs solutions techniques de limitation du niveau de pression acoustique et donc du niveau sonore peuvent être mises en place selon le chantier et le niveau d’abaissement recherché.
• L’absorbant sur le mur (mur contre lequel est disposée l’unité extérieure) : nous venons de voir qu’une PAC installée contre un mur génère, pour le voisinage, 3 dB(A) de plus que si elle était installée en champ libre. D’où la mise en place d’un matériau acoustique absorbant sur le(s) mur(s) derrière la PAC afin de réduire la réflexion du bruit sur la façade.
La surface de la plaque d’absorbant doit être supérieure aux dimensions de l’unité extérieure. Si la PAC est installée dans un angle, il est conseillé de traiter ainsi les deux murs.
Atténuation possible : maximum de 2 dB(A) contre un mur et 4 dB(A) dans un angle.
• L’écran acoustique : réduire la propagation dans une direction et absorber le bruit. Pour cela il est conseillé d’utiliser des écrans naturels à chaque fois que cela est possible (talus de terre…). Une haie d’arbres et plus largement la végétation ne peuvent pas servir d’écran acoustique. L’efficacité d’un écran dépend de son emplacement, de ses dimensions et de ses matériaux. Quant à l’emplacement, l’écran doit être positionné le plus près possible de l’unité extérieure tout en permettant la libre circulation de l’air.
L’écran doit évidemment être de dimensions supérieures à celles de l’unité extérieure. De plus, afin d’accroître l’efficacité du dispositif, un rabat (casquette ou retour) peut s’avérer nécessaire. Quels matériaux ? Il convient d’opter pour des matériaux pleins, des briques acoustiques, des blocs de béton revêtus éventuellement de matériaux absorbants (panneaux de laine minérale). Plus le matériau est dense et constitue une masse, plus il est efficace. Attention aussi à la tenue aux intempéries, en particulier pluie et vent. Dans ce contexte, l’atténuation se situe entre 6 et 10 dB(A). À cela, soustraire 1 dB(A) de plus si le mur contre lequel est adossé l’unité extérieure est traité.
• L’encoffrement : il s’agit là de réaliser un coffre autour de l’unité extérieure afin d’absorber le bruit autour de la PAC et dans toutes les directions. Il faut aussi prévoir le traitement acoustique pour les nécessaires trappes d’accès, les prises d’air et les rejets d’air, ainsi que pour les passages des canalisations d’eau et les fileries électriques avec des fourreaux étanches. Il convient d’éviter tout contact avec une partie vibrante (châssis, tuyauterie). Le rejet d’air devra être disposé plus haut que la prise d’air. Si nécessaire, il faut mettre en place un ventilateur additionnel avec piège à son pour les entrées et les sorties d’air, afin d’évacuer la chaleur et de combattre la perte de charge supplémentaire relative à l’encoffrement. Atténuation possible de 11 à 25 dB(A).

 

Michel Laurent

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