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 Solution technique - Mai 2018

N°100 - Très basse tension de sécurité : choix et mise en œuvre


Lorsque l’on parle de très basse tension de sécurité, le guide UTE C 15-559 précise que seule la très basse tension de sécurité (TBTS) est admise. Rappelons que le choix du matériel et la mise en œuvre des protections relèvent de règles spécifiques, notamment dans le cas de LED alimentées par convertisseurs.


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Parfois improprement appelée basse tension par le grand public, voire par certains professionnels, la très basse tension (TBT) correspond à une tension inférieure à 50 V en courant alternatif ou à 120 V en courant continu. Les différentes catégories de TBT ne répondent pas aux mêmes besoins. La TBTS (très basse tension de sécurité) et la TBTP (très basse tension de protection) ont pour caractéristique commune la mise en œuvre d’une source qui rend improbable tout défaut entre le circuit primaire 230 V (BT) et le circuit secondaire (TBT). Cette source, qui peut être un transformateur ou un convertisseur, est dite « de sécurité ». Elle s’identifie grâce à un pictogramme particulier apposé sur le matériel. Transformateurs et convertisseurs doivent comporter un dispositif de protection qui ouvre le circuit en cas de surintensité. En TBTP un point du circuit secondaire peut être relié à la terre, alors qu’en TBTS, aucun point du circuit secondaire n’y est relié. En matière d’éclairage à très basse tension, seule la TBTS est admise.

Protection contre les chocs électriques
En TBTS, la protection contre les contacts directs est nécessaire pour les circuits dont la tension est comprise entre 25 et 50 V (en courant alternatif) et entre 60 et 120 V (en courant continu). Cette protection n’est donc pas nécessaire avec une tension de 12 V habituellement mise en œuvre pour l’éclairage. La TBTS constitue dans tous les cas une mesure de protection contre les contacts indirects.

Circuit primaire et protection
contre les surintensités
De façon générale, le circuit primaire doit être protégé contre les surcharges et les courts-circuits. Cependant, il faut savoir que, dans le cas de transformateurs, le courant magnétisant généré risque de faire déclencher de façon intempestive les disjoncteurs divisionnaires. Pour éviter cela, il convient de mettre en œuvre un disjoncteur divisionnaire de type :
– C pour un transformateur de puissance ≤ 450 VA ;
– D (insensible aux courants magnétisants) au-delà de cette puissance.
Mais dans le cas particulier de lampes LED alimentées par convertisseurs, il n’est pas nécessaire de prévoir une protection contre les surcharges du circuit primaire. Seule une protection contre les courts-circuits est requise.
Précisons aussi que des lampes halogènes TBT en fin de vie risquent de faire déclencher les dispositifs de protection : elles peuvent en effet provoquer des surcharges pendant plusieurs heures atteignant jusqu’à deux fois leur courant normal de fonctionnement.

Circuit(s) secondaire(s)
et protection contre les surintensités
Au secondaire, dans le cas d’un transformateur ou d’un convertisseur alimentant un seul appareil d’éclairage, aucun dispositif de protection contre les surcharges n’est en principe requis. La protection contre les courts-circuits du circuit secondaire est assurée par le dispositif incorporé dans le transformateur ou le convertisseur, à condition que le circuit mesure moins de 2 m de longueur.
Si le transformateur ou le convertisseur alimente plusieurs circuits secondaires, les règles ci-dessus s’appliquent pour chaque circuit secondaire pris individuellement.
Dans le cas de lampes LED alimentées par convertisseurs (avec un ou plusieurs circuits secondaires), la protection contre les surcharges et les courts-circuits de chaque circuit secondaire est assurée par le dispositif de protection interne au convertisseur, dans l’hypothèse où la longueur de ce circuit est inférieure à 2 m. Pour des longueurs de circuits secondaires supérieures à 2 m, une étude doit être réalisée par le fabricant.

Mise en œuvre
Chutes de tension – Du fait du faible niveau de tension, l’intensité parcourant le circuit secondaire est relativement élevée. Dans le cas de lampes à filament, la chute de tension ne devait pas être supérieure à 5 %, soit 0,6 V pour une lampe TBTS de 12 V. En conséquence, pour une section et un courant donnés côté secondaire, la longueur L du circuit devrait rester limitée. Ainsi, pour un circuit secondaire de section 1,5 mm² cuivre alimenté par un transformateur de 100 VA (8,33 A), on obtient L ≤ 2,4 m. Aujourd’hui, la généralisation des lampes LED permet de réduire l’intensité appelée et les risques d’échauffement. Il faut cependant rester prudent quant à la somme des puissances appelées.

Réduction de section – Exceptionnellement, pour les convertisseurs qui alimentent des LED, le guide UTE C 15-559 autorise une réduction de la section des conducteurs à 0,5 mm² (pour un courant maximal de 8,5 A).

Précautions de cheminement – Le circuit TBTS doit présenter une isolation double ou renforcée vis-à-vis des autres circuits basse tension. Cela signifie que les conducteurs électriques d’un circuit TBTS doivent être mis en œuvre dans des conduits distincts de ceux occupés par des circuits BT.

Conducteurs haute température – Les liaisons entre luminaires et transformateurs doivent résister à une température de 170 °C.

Accessibilité du transformateur – D’une façon générale, le transformateur ou le convertisseur doit rester accessible.
– Dans le cas d’un faux plafond démontable, le transformateur doit être installé sur une partie fixe du faux plafond ;
– si le faux plafond n’est pas démontable et que l’alimentation ne concerne qu’un seul appareil d’éclairage, le transformateur est considéré comme accessible par l’orifice destiné à recevoir l’éclairage. En revanche, si plusieurs appareils d’éclairage sont alimentés, l’installation doit obligatoirement comporter une trappe d’accès.

Nature des matériaux en contact/surface d’appui – Le montage de lampes LED est :
– interdit au contact de matériaux de catégorie M4 (c’est-à-dire facilement inflammables) ;
– autorisé au contact de matériaux de catégorie M1, M2 et M3, à condition que la température de fonctionnement des LED reste inférieure à 90 °C ;
– autorisé en toutes circonstances au contact de matériaux de catégorie M0 (métal, plâtre, verre, béton…), même si la température de fonctionnement des LED est supérieure à 90 °C. (équivalences Euroclasses et classification M).

Arrêt de traction – Il convient d’installer des dispositifs d’arrêt de traction à chaque extrémité des conducteurs du circuit secondaire afin d’éviter toute déconnexion électrique accidentelle en faux plafond.

Pose et collage des conducteurs – Le mode de pose de conducteurs isolés par collage direct sur des parois est admis sous réserve que le circuit secondaire (câblage et LED) soit installé dans un local ou emplacement pour lequel les conditions d’influences externes sont considérées comme normales par la norme NF C 15-100 (cas des installations domestiques) et à la condition d’être inaccessibles au toucher. La colle doit être compatible avec l’isolant des conducteurs.

Michel Laurent

 

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