Télécharger le PDF


 Dossier - Août-Septembre 2015

Les outils de l’électricien : sécurité d’abord !


em78 doss EditoEdito

« L’indispensable  complément  du savoir-faire  de l’électricien »

Pour l’électricien, l’outillage est l’indispensable complément du savoir-faire. C’est la connaissance du métier, des règles de sécurité et des conditions de travail qui permet de choisir l’outillage le plus adapté aux besoins de l’entreprise.
En premier lieu, les critères de choix sont avant tout des critères de sécurité. Il est indispensable que les règles de prévention acquises en formation se traduisent avec l’utilisation d’un outillage parfaitement adapté.
En outre, celui-ci doit également conférer « ergonomie » et « confort » pour contribuer à améliorer l’efficacité et la qualité du travail effectué. En réduisant la fatigue, soulignons que l’outillage limite les risques de troubles musculo-squelettiques.
Pour maintenir dans le temps ses qualités, l’outillage doit être conservé et utilisé avec soin, être entretenu voire remplacé périodiquement si nécessaire.
L’Union nationale artisanale de l’équipement électrique et électrodomotique de la Capeb (UNA 3E) a travaillé conjointement avec IRIS-ST, pôle d’innovation sur les questions de santé et de sécurité des artisans du bâtiment, à l’élaboration d’une brochure d’aide à l’aménagement d’un véhicule utilitaire léger (VUL) pour les électriciens.
La sécurité, la longévité de l’outillage, le gain de temps ainsi que la réduction des gestes et postures pénibles sont autant d’arguments mis en avant pour encourager les artisans à l’aménagement de leurs VUL. Ce document détaille également les points essentiels à prendre en considération préalablement à l’agencement d’un véhicule tout en fournissant des conseils sur la répartition des charges et sur les différents types de rangements existant.
Enfin, rappelons que les équipements de protection individuelle (EPI) constituent l’indispensable complément d’un outillage adapté. Là encore, l’UNA 3E et IRIS-ST ont rédigé une fiche dédiée au métier d’électricien, laquelle détaille les principaux EPI nécessaires au métier.
Les documents cités sont téléchargeables gratuitement sur le site suivant : www.iris-st.org

 

Christophe BELLANGER, président de l’UNA 3E Capeb

 


Les outils de l’électricien : sécurité d’abord !


em78 doss 1Le premier outil utilisé par l’électricien, c’est le tournevis. Mais pas n’importe lequel : isolé 1 000 V, conçu pour les travaux de vissage fin. L’électricien doit aussi dénuder, dégainer, couper, connecter, sertir, contrôler…, et surtout, consigner son installation avant toute intervention. Les outils sont développés en privilégiant l’ergonomie et le confort d’utilisation, tout en conservant une qualité irréprochable. Ils seront demain connectés, traçabilité oblige !

 

em78 doss 2Selon Jean-Pierre Beaulier, directeur ComST, éditeur d’ouvrages sur la sécurité, « les électriciens utilisent en majorité des outils à usage général pour leurs travaux sur des dispositifs électriques hors tension ».
Les équipements entrant dans le cadre de la prévention du risque électrique sont décrits par l’annexe C de la norme NF C 18-510, qui fournit les prescriptions requises pour travailler en sécurité sur ou au voisinage des installations électriques. Elle définit en particulier des règles pour la consignation des installations. « L’électricien qui travaille en basse tension doit être habilité par l’employeur. »
Dans les travaux hors tension, sans voisinage électrique, nul besoin d’équipement spécifique. Ce qui n’est pas le cas dans le voisinage renforcé BT (« zone 4 »).
À partir du moment où une personne habilitée effectue des tâches de consignation, elle doit utiliser certains équipements en fonction du risque encouru.
« Dans la zone 4, à 30 cm autour d’un jeu de barres sous tension, la norme donne obligation à la personne habilitée d’utiliser des ÉPI (équipements de protection individuelle) : a minima un écran facial et des gants isolants, précise Jean-Pierre Beaulier. La vérification de l’absence de tension est réalisée avec le vérificateur d’absence de tension (ou VAT) qui répond à la norme NF EN 61243-3. Finalement au cœur du métier des entreprises de la sécurité électrique, figure l’ensemble des équipements appelés par la consignation : la condamnation (cadenas…), le VAT, les ÉPI, sans oublier la mise à la terre en court-circuit qui n’est pas faite systématiquement en basse tension. »
L’électricien habilité travaillant exceptionnellement au voisinage (démontage d’une pièce dans une armoire, à moins de 30 cm d’un jeu de barres) doit impérativement utiliser des ÉPI adaptés ou mettre en place d’autres mesures de prévention et des outils isolés 1 000 V répondant à la norme NF EN 60900. L’habilitation sous tension est alors très particulière, avec des modes opératoires répondant à une série de normes, NF C 18505-x, en vue d’assurer la sécurité des personnes contre les dangers d’origine électrique.
Bien entendu, l’électricien qui travaille hors tension et hors voisinage, dans un contexte entièrement consigné, n’a absolument pas besoin de toutes ces protections : les ÉPI spécifiquement adaptés au risque électrique conviennent.

Visser en sécurité
em78 doss 4« Pour notre gamme de tournevis d’électricien, nous avons été attentifs au travail de vissage et de dévissage en proposant une extrémité de manche tournante », dévoile Christophe Lay, directeur marketing, recherche et développement chez Sibille Fameca Electric. « Face à un bornier, l’électricien va d’abord faire beaucoup de tours avec sa vis en l’air, en tenant le tournevis du bout des doigts, sans forcer, tandis que l’autre extrémité s’appuie sur le fond de la paume. En fin d’opération, quand le vissage commence à être dur, l’artisan change naturellement de position, prend le tournevis bien dans la main et fait le dernier effort pour serrer la vis. » Donc deux positions, deux façons d’utiliser le tournevis pour assurer le vissage rapide, puis le vissage de force. « Il convient d’être bon dans ces deux moments, en créant une boule tournante à l’extrémité du manche », poursuit Christophe Lay, qui propose trois versions du tournevis de l’électricien : le standard, Rotoline Classic, avec une boule lisse et ronde à l’extrémité du manche ; le Rotoline Turn, la boule, calée dans la paume, tourne, facilite le serrage d’approche et le desserrage ; le Rotoline Turn & Block, dont on bloque la boule en appuyant dessus et dont le tournevis autorise la transmission d’une grande partie du couple.

em78 doss 3Chez AGI-Robur, grâce aux tournevis Slim à isolant effilé, on atteint des vis ou ressorts situés en profondeur dans des zones étroites (disjoncteurs). Des tournevis à manche ergonomique tri-matière antidérapant, lame en acier trempé allié au chrome-molybdène-vanadium haute résistance, pour vis à fente, Pozidriv ou empreinte mixte cruciforme/plat.em78 doss 5
De son côté, Cembre commence à proposer en France une cinquantaine d’outils isolés 1 000 V : tournevis, clés plates ou à douille, marteaux, scies, pinces plates et pinces coupantes, etc. « Notre tournevis est très pratique pour l’électricien, explique Philippe Barrier, directeur de Cembre France. Il est resté en test à la maison mère pendant plusieurs années avant d’être mis sur le marché français. Cette gamme a été commercialisée à partir du moment où l’on a ressenti que l’on pourrait présenter cette offre en France. »

Couper, sertir
em78 doss 11Le coupe-câble CC15VSD d’AGI Robur offre un grand confort d’utilisation grâce à son ressort de rappel intégré. Le dessin spécifique des lames autorise la coupe des câbles rigides type R2V avec un minimum d’effort, ainsi que le dénudage des conducteurs de 1,5 et 2,5 mm². La multiplicité des câbles que les professionnels sont amenés à poser peut en outre devenir un véritable « casse-tête » lorsqu’il s’agit de dénudage. Le dénude-câbles multifonctions 30900 est utilisé sur les câbles type R2V Ø 4 à 15 mm, les conducteurs rigides 1,5 et 2,5 mm², les câbles souples de 4 à 50 mm², les câbles coaxiaux, les câbles de données, les câbles solaires Ø 4 à 15 mm, les câbles plats jusqu’à 15 mm de large, etc.
em78 doss 6Faisant pour sa part état d’une étude de marché réalisée au niveau mondial, Stéphane Weiten, directeur achats et marketing, assure que « Klauke fait partie des leaders du domaine des outils de sertissage et de coupe (manuelle, hydraulique ou électrohydraulique) de câbles ». Une génération de sertisseuses électrohydrauliques a été présentée à Hanovre (Allemagne), sous le nom de Klauke Mini… Une génération d’outils munie d’un dispositif de coupe par guillotine ou par couteaux. Des outils compacts, légers, rapides, alimentés par une batterie Li-ion sous 18 V. Par, ailleurs, voici le Klauke Micro Crimping Tool EK50ML, « le seul outil électromécanique du marché… Il est pourvu de la PowerSense Technology, avec une force de sertissage de 15 kN et une capacité de sertissage comprise entre 0,14 et 50 mm². Ultraléger, sans huile, il est doté d’une assistance par le moteur qui intervient à la fin du sertissage… En somme, moins cher, moins lourd (0,9 kg contre 1,5 à 2 kg pour des outils électrohydrauliques similaires), moins encombrant et avec une maintenance réduite ! Trois autres qualités vitales peuvent être mises en avant pour cet outil : sécurité, confort (ergonomie), efficacité (qualité de travail) ».
em78 doss 14De son côté, Mecatraction propose des outils de préparation du câble et de sertissage dans le cadre de la connectique industrielle : dénudage, préparation de câbles, sertissage par rétreint hexagonal ou par poinçonnage… Ils permettent de dégainer les câbles, les cosses et manchons. « Une gamme d’outils électroportatifs (sur batterie) est annoncée pour le sertissage et le poinçonnage de cosses tubulaires en cuivre, aluminium et aluminium cuivre, révèle Philippe Besse, chef de produits, la gamme BE2 (Blue Expert 2), qui succède à la gamme Blue Expert. » Une fabrication 100 % française. En l’occurrence, un outil hydraulique : un accumulateur actionne un moteur électrique et un corps hydraulique… La force de sertissage va de 50 à 120 kN, autorisant le sertissage de câbles jusqu’à 300 mm². Le temps de mise en œuvre est réduit du fait d’un gain d’énergie compris entre 20 et 40 % selon les types d’outil… Des outils qui travaillent en deux étages de pression : d’où une double vitesse qui est pilotée, conduisant à un important gain d’énergie, et l’augmentation de la rapidité de sertissage voisin de 30 %.
« Notre métier, c’est celui du sertissage », réaffirme de son côté Olivier Dralet, technico-commercial chez Cembre France, leader en Italie et l’un des plus grands fabricants européens de connecteurs à sertir et d’outillages pour couper et sertir. « Le sertissage des cosses s’effectue avec de petits outils manuels, hydrauliques, alimentés par une batterie Li-ion du commerce. Ces outils électrohydrauliques tels que les B500, B1350UC… répondent à des normes produits comme la NF C 20130 pour les cosses en cuivre étamé. » Les outils doivent être étalonnés régulièrement à l’issue de contrôles de pression effectués chez Cembre. Périodiquement (une fois par an), le client peut envoyer à Cembre des câbles sertis afin de les tester, et selon les résultats de contrôle, des préconisations ou bien un certificat de conformité du sertissage sont établis.

em78 doss 7em78 doss 8em78 doss 9em78 doss 10

 

 

 

 

 

 

Poinçonner plus en moins de temps
Klauke France distribue les outils de Greenlee en France (outils de découpe et de perçage, tirage de fils et mesure), dont les emporte-pièce Speed Punch, qui autorisent une mise en œuvre rapide. « On fixe le système en une opération, on évite le risque de casse des axes en éliminant tous risques d’accident, explique Stéphane Weiten. On installe la partie femelle sur l’axe avant de se mettre en position sur la tôle à percer, on installe enfin le poinçon de l’autre côté : on est alors prêt pour la perforation grâce à des outils hydrauliques ou électrohydrauliques. » D’où des gains tangibles : vitesse jusqu’à trois fois plus rapide, sécurité, confort, mise en œuvre facile.
« Nous avons complètement remanié notre gamme d’accessoires pour outils électroportatifs, annonce Stéphane Polla, chef des ventes France chez Carl Kammerling International. Dans le catalogue dédié à cette gamme, on trouve des scies cloches servant à réaliser des trous parfaitement ronds dans un faux plafond pour y mettre un spot, une prise dans le mur, etc., des forets étagés, des porte-embouts magnétiques, un élargisseur de trous (un arbre qui porte deux scies-cloches de diamètres différents permettant d’élargir un trou déjà existant en conservant son axe de référence)… » Une famille de pinces est attendue pour 2016.
Pour faciliter le travail de l’électricien, « nous avons récemment lancé une aiguille de tirage en polyester monobrin à nervure hélicoïdale qui allie souplesse en courbe et rigidité en poussée, spécialement destinée aux travaux de rénovation. Elle s’adapte parfaitement aux gaines de petit diamètre ou aux conduits encombrés », ajoute Joël Chrisment.

Contrôler
« Nous proposons une gamme d’appareils de contrôle à destination des artisans pour la validation de leurs installations, dit Christophe Lay (Sibille Fameca Electric), pour qui les installations doivent répondre à la norme NF C 15100 et garantir deux points de sécurité majeurs » :
– une bonne terre pour que l’installation évacue les éventuels courants de défaut vers la terre, plutôt que vers les personnes ;
– de bonnes liaisons équipotentielles pour s’assurer que tous les éléments de l’habitat sont équipotentiels : radiateurs, tuyaux, huisseries métalliques, baignoires, machines à laver…
« Nous avons développé à cet effet le mesureur de boucle de terre : le TOHM-e, ajoute Christophe Lay. Son point fort, l’ergonomie, assurant une utilisation très simple : il suffit de connecter l’appareil dans une prise de courant et la mesure s’affiche instantanément. »

La protection des électriciens
em78 doss 12La protection contre les risques électriques est la priorité de l’électricien. « Nous proposons une gamme complète d’ÉPI répondant aux besoins courants de protection des professionnels, qui couvre la protection des mains, des yeux et de la tête, commente Joël Chrisment (AGI Robur). Les risques pris en compte sont variés, comme la protection électrique, la protection contre les chocs mécaniques, contre l’arc électrique et les UV…, tout en alliant un souci de confort maximal pour l’opérateur. »
Le bloque disjoncteur MBDUC, associé aux cadenas de consignation à corps et anse en résine, fait également partie des nouveautés d’AGI-Robur. Sa mise en œuvre facile et rapide se fait sans outil et son système de verrouillage horizontal ou vertical, au choix, lui permet de s’adapter à toutes les situations, même installé côte à côte sur des disjoncteurs étroits.
em78 doss 13Pour sa part, Marie-Aude Massin, directrice marketing de Catu, fait état des travaux en hauteur qui représentent la deuxième cause des accidents du travail avec près de 100 000 chutes par, an dont 100 mortelles et 8 500 provoquant une incapacité permanente : « Le domaine électrique est particulièrement concerné avec une part importante d’interventions sur des ouvrages en hauteur aussi divers que les pylônes haute tension, les caténaires ou les toits industriels ou d’habitations. » Nulle partie métallique dans les harnais antichute complètement isolants dédiés aux électriciens pour leurs travaux en hauteur. Il est aussi un harnais isolant anti-étincelles, pour les travaux en environnement Atex.
« Un guide vient d’être édité à ce propos par Catu, ajoute Marie-Aude Massin. Il fournit le contexte d’utilisation, la législation qui s’y rapporte. L’électricien est positionné dans différents cas d’application : sur des poteaux avec échelle, sur des supports de caténaires, sur un toit ou sur un plan incliné, etc. »
Comment enfin prévenir les TMS (troubles musculosquelettiques, notamment les problèmes dorsaux) ? « Par une table de montage pour panneaux électriques d’armoires de contrôles », répond Joël Chrisment (AGI Robur). Cette table présente l’intérêt d’être orientable de la position horizontale à la position verticale, de façon manuelle à l’aide d’une manivelle ou bien motorisée. »
Un complément apprécié… la bagagerie (Catu, Facom, CK…) ! Sac à dos, valisette à roulettes développée pour les électriciens et dans laquelle ils peuvent ranger casque, gants, tapis isolant, VAT, outillage… donc tous leurs équipements de protection adaptés aux problèmes de dos. Sont pris en compte les risques liés aux TMS avec un renfort dorsal, des sangles épaisses renforcées pour éviter les coupures au niveau des bras…

Demain : l’outil connecté
« La RFID arrive pour lutter contre la disparition des outils, annonce Richard Lassalvy, responsable du centre de formation de Facom. Certaines servantes scannent les outils se trouvant à l’intérieur et dès que l’un d’eux manque, sa référence est automatiquement publiée. »
em78 doss 15SAM Outillage a présenté au salon du Bourget une gamme d’outils à RFID active dans le contexte de la servante intelligente, pour savoir qui ouvre, qui ferme la servante, pourquoi, comment… Les entreprises qui ont des intérimaires et du turnover en sont friandes pour accompagner la formation de leur personnel. Ceci annonce l’avènement de SAM 4.0 et des produits connectés issus du partenariat noué avec ELA Innovation.

Jean-Claude Festinger


En savoir plus :

AGI Robur
Catu
Cembre
CK Tools
Com ST
ELA Innovation
Facom
Greenlee
Klauke
Mecatraction
SAM Outillage
Sibille Fameca Electric

Copyright 2013 - Magazine des professionnels de la Filière Électrique - Électro magazine