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 Dossier - Juin-Juillet 2014

La domotique bascule dans l’ère des services


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« Domotique : l’avant et l’après Smartphone »

Dans le cadre de ses travaux, Ignes incite les industriels de la filière électrique à faire connaître et reconnaître les atouts des solutions domotiques dans les bâtiments. Exemple concret de cette volonté, les Matinales du smart home sont autant de réunions qui, depuis deux ans, contribuent au partage des informations et des différentes visions de la domotique au sein de la filière électrique et avec ses partenaires. Objectif : se rencontrer, construire une approche commune, et surtout, faciliter la compréhension des technologies et des marchés par les différents interlocuteurs. Voilà pourquoi nous travaillons tous à la convergence de nos approches. Aujourd’hui, la domotique n’est plus anachronique par rapport à l’idée que l’on se fait de l’installation électrique !
Je crois beaucoup en la démonstration de nos solutions, afin de prouver à quel point l’automatisation des fonctions du bâtiment est devenue à la fois simple et efficace. La domotique a trop souvent été montrée et classée comme une technologie complexe et élitiste. Il nous appartient aujourd’hui de montrer le vrai visage des nouvelles offres.
L’utilisation communément répandue du Smartphone et des terminaux mobiles marque un tournant. On peut à présent parler d’un avant et d’un après Smartphone, car cet outil porteur de services constitue un véritable levier. Levier par lequel chacun prend conscience à sa façon des nouvelles possibilités offertes. D’où une plus grande compréhension des atouts du numérique par le grand public, en particulier au service du logement. Cependant, les terminaux mobiles restent un complément et ne remplacent pas pour autant les interfaces de commande traditionnelles.
Outre le tournant marqué par le Smartphone, le déploiement des équipements connectés marquera une seconde étape importante dans la généralisation de la domotique. En effet, la connectivité Internet au service des équipements électriques, notamment du tableau, appuiera plus encore la convergence en marche, entre électricité et numérique !

Bruno Barlet, Vice-président d’Ignes

 


Le petit monde des chemins de câbles


Au fil des ans, le débat se déplace. De l’automatisation pure et dure des fonctions techniques du bâtiment, la domotique imaginée par les acteurs de la filière électrique s’ouvre doucement à l’ère des services. Tour d’horizon.

 

On peut affirmer sans aucun risque que la généralisation du Smartphone contribue à attiser l’envie de piloter son logement à distance. Le grand public perçoit enfin, sous un côté parfois ludique, les possibilités offertes en lien avec le fidèle compagnon. Et puisque le sésame de l’information porte le marché, il semble également évident que le débat « domotique » (mais est-ce le bon terme ?) se déplace vers les services, en lien avec les opérateurs de télécommunication et autres fournisseurs de contenus et d’information. Ce glissement porteur de valeur ajoutée fait entrer la domotique dans un contexte de partenariats entre acteurs. Nous sommes à l’aube des vrais services numériques à la personne.

Hager perce dans le collectif
em69 doss2Impliqué sur le marché de la domotique depuis plus de vingt ans, Hager confirme une récente évolution du marché au regard de plusieurs aspects : l’arrivée et la démocratisation des Smartphones en tant qu’interface, l’application de la RT2012 qui crée une nouvelle demande en matière de mesure de consommation, l’autonomie et le maintien à domicile. Sans oublier confort et bien être au sein du logement. « Ainsi, la domotique prend un sens pour une plus large partie des utilisateurs potentiels », explique Caroline Nivelle, directrice marketing chez Hager.
Outre le lancement de l’offre KNX tertiaire (voir l’article publié dans cette édition d’Électro magazine), et le développement du marché de la maison individuelle, Hager poursuit son engagement dans le résidentiel collectif : « Nous sommes intégrés dans un véritable élan aux côté des opérateurs tels que Bouygues ou Vivalib et ses appartements évolutifs. Aujourd’hui, après une phase de test et de communication, nos solutions sont en phase de déploiement et de massification sur le marché de la domotique résidentielle collective. »
La stratégie résidentiel collectif de Hager se repose sur son offre baptisée Hager-energy (www.hager-energy.com). Il s’agit là d’un nouveau service particulièrement adapté aux bâtiments résidentiels collectifs. Il valorise l’intelligence des logements tout en optimisant l’infrastructure locale (serveur commun mutualisé à l’ensemble de l’immeuble) et en déployant différents niveaux d’accès à des services pour les occupants et les gestionnaires du bâtiment.
Hager-energy apporte des solutions en terme de gestion des énergies et de contrôle à distance (mesure et affichage des consommations, gestion du chauffage, centralisation des volets roulants et de l’éclairage,…). Les données sont rassemblées et gérées dans le cloud  avec un soin particulier sur la confidentialité des informations et leur redistribution.
« Avec cette offre unique, nous avons convaincu promoteurs, exploitants et utilisateurs. À ce jour plusieurs références témoignent des atouts du concept. » Hager compte déjà plus de 400 logements à son actif que ce soit sur des programmes de promotion, de location sociale ou intermédiaire, et même une résidence étudiante à Reims pour laquelle le gestionnaire relève et facture la consommation de chaque chambre.
Et Caroline Nivelle d’ajouter : « Cette démarche auprès du collectif demande un important travail d’information en amont de la part de nos chargés de projets “bâtiments intelligents“.  Mais une fois testées sur un premier programme, nos solutions sont souvent reconduites sur les suivants… »

Legrand généralise MyHome
em69 doss3Issu de l’offre historique Bticino, MyHome est devenu, au fil des ans, la technologie domotique du groupe Legrand, dorénavant partagée par les différentes marques (Legrand, Arnould et Bticino). « C’est un mouvement par lequel nous harmonisons et standardisons nos solutions », explique Benoît Watrigant, responsable digital chez Legrand. Les interfaces, entendons par-là les interrupteurs et bouton-poussoirs, restent, quant à elles, spécifiques à chaque marque. Et In One ? « Legrand en assure la pérennité, mais ne développe plus de composants nouveaux depuis près de deux ans. In One bénéficie cependant de passerelles vers MyHome. »
MyHome Play, essentiellement vendu sous la forme de kits (par exemple pour mettre en œuvre un va-et-vient radio) utilise la technologie bidirectionnelle Zigbee. Cette offre plutôt orientée rénovation s’intègre bien avec l’offre filaire MyHome.
À la fin de 2013, MyHome a reçu une nouvelle génération d’écrans tactiles 10 pouces offrant une meilleure résolution et une ergonomie revue avec des fonctions de personnalisation d’accès. « Cet écran a aussi pour vocation à servir de thermostat, de portier vidéo ou encore de centrale d’alarme. Il centralise véritablement les différentes interfaces en un point unique. »
À la fin de 2013 également, une plateforme Web est venue compléter MyHome afin d’accéder à distance à l’installation, sur Smartphone et tablette, via le Cloud. Le niveau d’information est accessible gratuitement. Il devient payant pour l’ajout de certains services. « Cette solution sur le Cloud donne des possibilités d’ouverture à des opérateurs de télécommunication. Nos équipements permettent vraiment l’ajout de services supplémentaires de la part d’autres prestataires. »
Cette plateforme a été lancée dans le cadre du programme immobilier d’Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine), notamment pour assurer les mesures des consommations d’énergie et la collecte de données liées aux logements.
« Si la domotique d’hier était restreinte à l’automatisation de tâches répétitives, celle que nous livrons dès à présent donne la possibilité de contrôles distants et le bénéfice de nombreux services. L’enjeu se situe plus au niveau de la maison communicante que de la maison automatisée ! »
Pour Benoît Watrigant, l’étape ultérieure sera l’intégration des produits dans l’infrastructure du bâtiment, avec les objets connectés, les produits blancs, la TV connectée… « Il faudra bien être conscient que cette convergence fera intervenir différents cycles de renouvellement. En témoigne l’écart entre le produit connecté et l’infrastructure électrique intelligente. D’où la nécessité de prévoir, dès le départ, la mise en œuvre d’une infrastructure communicante à même de pouvoir faire évoluer l’installation et les services au fil des ans. »
Concernant la position sur l’IP, « nous assurons l’interopérabilité avec l’IP au niveau des couches supérieures. Là, nos clients bénéficient d’une pleine ouverture. En revanche, pour ce qui est de la technologie de terrain propriétaire, nous la faisons évoluer sans obstacle, librement et rapidement ! C’est de cette manière que nous assurons la pérennité et le suivi de nos solutions techniques. Je suis toutefois conscient, que, à terme, l’IP descendra plus bas encore vers le niveau de terrain. »

Schneider Electric capitalise sur l’existant
em69 doss1À destination du logement neuf et du tertiaire, Schneider Electric propose une offre KNX filaire (radio via l’adjonction de modules issus de partenaires) avec de l’appareillage mural KNX Unica et des produits dédiés, par exemple, à la gestion d’énergie, à la mesure d’énergie sur compteurs, au pilotage de gestionnaire d’énergie sous KNX, ou encore à la gestion de l’éclairage et des volets roulants. « Depuis la fin de 2013, nous travaillons aussi sur le thème de la sécurité avec Urmet, via l’utilisation étendue de l’écran du portier vidéo en tant qu’interface supplémentaire », ajoute Mickael Sagnes, gérant d’offre efficacité énergétique et solution rénovation France et chef de projet lancement Wyser. Avec l’application Inside Control, les Smartphones type iPhone ou Android permettent aussi de piloter l’installation domotique. Depuis la fin de 2013, une passerelle Homelink de type KNX/IP donne accès à de nombreuses fonctionnalités à distance. Autre interface disponible : un écran mural issu de la gamme industrielle Magélis, mais pour lequel l’alternative d’une tablette standard remplie bien sa mission.
em69 doss4Pour le marché de la rénovation, Schneider Electric se base sur une installation ne nécessitant pas d’intégration. Lancée au début de 2014, l’offre Wyser a pour objectif premier de mieux comprendre en mesurant les consommations, puis d’agir sur le comportement. En application locale ou distante, Wyser agit sur le chauffage, la production d’eau chaude sanitaire, sur les usages spécifiques et sur les veilles. Pour la gestion du chauffage électrique, un actionneur avec thermostat local permet d’établir une liaison par fil pilote ou contact sec. « Dès septembre 2014, nous lancerons une tête thermostatique à visser sur un corps de vanne pour les radiateurs à eau chaude. » Ces deux types d’actionneurs communiquent sous Zigbee. Chaque produit communicant se « connecte » sur la box Wyser.
Lorsqu’il n’existe pas de contacteur heures creuses pour le ballon d’ECS par accumulation, un actionneur est disposé, afin d’assurer aussi les coupures pendant les longues périodes d’absence. Des prises gigognes pilotées assurent la coupure des modes veille. L’offre devrait être renforcée également avec des solutions de pilotage de plancher chauffant et pompe à chaleur ou encore de volets roulants.
En matière de solutions individuelles, Odace+ est disponible en un kit radio de centralisation de la commande des volets roulants. En mode filaire, Odace permet également le pilotage de température via un thermostat d’ambiance capable de générer un ordre à la chaudière.
Mickael Sagnes : « Pour l’offre Wyser, nous disposons actuellement de 210 installateurs formés en France. Les rangs gonflent au rythme de 20 installateurs par semaine. Schneider Electric met par ailleurs à disposition des particuliers un configurateur en ligne permettant de générer automatiquement une demande de devis auprès des professionnels que nous agréons. »

Niko joue sans intégrateur
em69 doss5 6Pour sa part, Niko, le fabricant belge de solutions domotiques Niko Home Control pour la maison et le tertiaire, entend axer l’ensemble de son développement sur la simplicité d’installation et d’usage. L’utilisateur est ici en mesure de commander l’ensemble des fonctions automatisées de son logement à partir d’interrupteurs et de boutons traditionnels. L’installateur seul peut effectuer l’installation et la mise en route, sans l’intervention d’un intégrateur. « Le câblage des fonctionnalités est ici de toute évidence moins coûteux sur un bus unique que l’ajout au coup par coup de fonctions indépendantes. Cela permet aussi à l’installateur de retourner voir ses clients pour leur proposer de nouvelles fonctionnalités dont il maîtrise parfaitement l’installation lui-même », souligne Anthony Parent, directeur des ventes France.
Dernier né de la gamme Niko Home Control, le portier vidéo, primé par un Red Dot Design Award. « L’appel du visiteur est reçu sur le poste intérieur, sur l’écran central de Niko Home Control ou sur un appareil mobile tel qu’une tablette. Car l’offre de portier intégrée n’oblige pas à prendre un poste intérieur dédié. Des scénarios peuvent être enclenchés à l’ouverture de la gâche. »
Niko vient de lancer également un nouveau module thermostat pour la commande de la climatisation et de la ventilation. Rappelons qu’une garantie de quatre ans est appliquée sur l’ensemble des modules. Enfin, la mesure des consommations est dorénavant possible et jusqu’à dix circuits visibles sur la page écran dédiée.

Delta Dore développe son offre radio
em69 doss7Chez Delta Dore, la solution domotique Tydom, initialement proposée sur courant porteur, applique surtout à présent une communication de type radio. Dans le courant du troisième trimestre de 2014, une évolution de Tydom 2 000 prendra la forme d’une nouvelle interface permettant l’affichage détaillé des consommations sur Smartphone ou tablette. Ce lancement sera accompagné de la possibilité de pilotage par commande vocale. « Et ce n’est pas tout : l’utilisateur pourra prendre en photo la disposition de ses commandes par interrupteur pour ensuite pouvoir les piloter à distance à partir des photos », explique Dominique Gandoin, chargée de la communication chez Delta Dore.
« Notre action actuelle est de bien faire comprendre que la domotique n’est pas complexe. Il existe certes des solutions haut de gamme, mais aussi et surtout des solutions très accessibles et évolutives. D’où un travail de communication important à mener auprès des distributeurs et des intégrateurs. »
Delta Dore maîtrise la partie gestion énergétique et mesure de consommations selon différentes typologies. « Nous travaillons avec des fabricants d’équipements de chauffage afin de réaliser des passerelles avec Tydom. Atlantic, Amazair, Daikin, Panasonic, Saunier Duval ou encore les poêles à granulés Seguin en sont autant d’exemples concrets. La dernière passerelle en date a été développée avec Mitsubishi. D’autres partenariats sont en cours. »
Ces passerelles évitent la pose de capteurs supplémentaires pour la mesure des consommations d’énergie.
Avec son protocole radio X3D, outre la maîtrise de l’énergie, Delta Dore gère l’approche sécurité et tous les aspects d’automatisation de fonctions avec l’aide de micromodules (éclairage, volets roulants, portes, portails…).
Pour Delta Dore, les leviers du développement sont surtout la RT 2012, les possibilités de pilotage à distance à l’aide de Smartphones et de tablettes, et enfin, le maintien à domicile. « Sur ce dernier point, en lien avec la sécurité, nous travaillons à la mise au point d’un packaging d’offres », souligne Dominique Gandoin.

Yokis poursuit son développement  et lance la gamme Power
À présent sous le contrôle d’Urmet, Yokis introduit ce mois-ci sur le marché une gamme de micromodules radio Power. Animés d’un bus radio 2,4 GHz, ces nouveaux micromodules sont totalement compatibles avec la gamme classique de micromodules Yokis, commercialisée depuis maintenant cinq ans. Leur atout ? « Un signal radio plus performant, capable de s’affranchir des obstacles tels que dalles et murs porteurs, et une rapidité de traitement accrue, explique Pascale Roux, cofondatrice de Yokis. À terme, Yokis proposera en complément un serveur Web capable de coiffer l’ensemble des micromodules radio installés à l’échelle d’un logement. Ce serveur pourra assurer la communication locale et nomade sur les interfaces classiques ou mobiles universelles. Cet ensemble d’offres restera dans la gamme de prix habituelle de Yokis. »

Michel Laurent


Entreprises mentionnées

www.ignes.fr

www.hager.fr

www.legrand.fr

www.yokis.fr

www.niko.eu

www.deltadore.com

www.schneider-electric.com

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