Télécharger le PDF


Dossier - Avril 2008

Ventilation : entre qualité de l’air et économie d’énergie


Jean CourtoisEdito

"Ventilation : organisons la filière !"

Aujourd’hui, tous types de bâtiments confondus, nous constatons que plus de 70 % des installations de ventilation présentent des problèmes de disfonctionnement, dont une importante part reste liée à la mise en oeuvre des produits. Afin de pallier au manque de spécialisation de certains professionnels du bâtiment, la plupart des industriels proposent des solutions qui facilitent la pose des systèmes de ventilation et l’adaptation aux besoins. Mais, les solutions proposées restent délicates à installer si l’on souhaite obtenir le meilleur rendement énergétique. C’est pourquoi, si les professionnels ne se forment pas suffisamment, nous verrons inévitablement apparaître des contre-références, ne serait-ce que par manque de conseils adaptés, de choix appropriés, notamment dans le cadre des opérations de rénovation.


Le métier de la ventilation est confronté à la multiplicité du nombre d’intervenants. Électriciens, plaquistes, plombiers, menuisiers et spécialistes du génie climatique contribuent à l’installation des systèmes, sans compter pour la maison individuelle, les fabricants de pieuvres électriques qui fournissent également des kits complets de ventilation. Dans ce contexte, Uniclima(1) souhaite mener une action de “professionnalisation de la filière”. Notre objectif : donner sa place à la ventilation en tant que fonction vitale dans l’approche globale de l’habitat. En dépendent la qualité de l’air intérieur, ainsi que le double enjeu d’économie d’énergie et de limitation des gaz à effet de serre. Le 11 décembre 2007, sous le nom des
« Etats généraux de la ventilation », Uniclima a réuni un groupe de travail en partenariat avec l’UCF(2) afin de dégager les priorités d’action de la profession.


Nous avons devant nous un vaste chantier de formation des « poseurs », qu’il s’agisse de grandes entreprises ou d’artisans des différents corps de métier. C’est pourquoi nous oeuvrons pour l’instauration de formations diplômantes, du CAP jusqu’au BTS, car il n’existe pas de formations répondant aux réels besoins du marché, qu’il s’agisse des fonctions d’études ou d’installation. Preuve en est, les industriels rencontrent des difficultés à recruter des collaborateurs formés à cette discipline ! Nous sommes aussi en relation avec des centres de formation professionnelle continue pour adultes. Plus généralement, les industriels regroupés au sein d’Uniclima se mobilisent pour mieux former et informer les distributeurs et les installateurs.


Par ailleurs, nous sommes en discussion avec l’organisme de qualification Qualibat afin de mettre à jour les référentiels liés à la ventilation, voire de mettre au point une qualification spécifique à cette spécialité ! En parallèle, dans le cadre des appels d’offres, nous militons pour la création d’un lot spécifique pour lequel seul un professionnel reconnu et qualifié pourrait alors intervenir.
Enfin, contrairement à d’autres équipements du bâtiment, l’installation d’une ventilation performante ne donne pas droit au crédit d’impôts. Nous militons pour faire évoluer cette situation.
En 2008 Uniclima devrait compléter son programme d’actions à destination de la filière !

 

Jean Courtois,
président du comité stratégique ventilation d’Uniclima

(1) Union syndicale des constructeurs de matériel aéraulique, thermique, thermodynamique et frigorifique.
(2) Union climatique de France.



Ventilation : entre qualité de l’air et économie d’énergie


Si la ventilation ne fait pas l’objet d’une véritable spécialité parmi les corps de métier du bâtiment, elle n’en demeure pas moins une discipline à part entière. De plus en plus, la performance énergétique se place au coeur des préoccupations du bâtiment, tout comme la qualité de l’air intérieur. Fait étonnant : la ventilation se trouve à la croisée de ces deux tendances !

 em18 doss atlantic
Le groupe Hygrolix BBC ne consomme que 9 à 13 W pour un logement T3 à T7.
Il permet de raccorder 2 à 6 sanitaires.

Nous avons tous notre propre idée de ce qu’est la ventilation, mais aussi des a priori qu’il faut à présent combattre, tout d’abord en considérant qu’il s’agit d’une discipline à part entière, d’un véritable métier. Dans un logement, l’approche de la ventilation, en termes de qualité de l’air et de confort thermique, doivent être menées de façon globale. Le temps du clapet installé sur une traversée de mur est révolu.
Nous verrons d’ailleurs que la ventilation va même jusqu’à nous emmener sous terre !


Dans les esprits, la ventilation est perçue comme une fonction qui “gaspille de l’énergie en rejetant de l’air chaud dehors” ou comme “un vecteur de confort et de santé dans les locaux”. Certaines instances tendent à considérer encore qu’il suffit d’ouvrir les fenêtres 5 minutes le matin pour ventiler un appartement ! « Aujourd’hui encore dans l’habitat, la ventilation n’est pas une fonction du bâtiment réellement prise au sérieux, même par les instances normatives », lance Carlos Pluvinage, directeur marketing de Vortice France. Les experts ne semblent pas être écoutés comme il se doit. À mesure que les bâtiments améliorent leur isolation thermique, la part relative des dépenses énergétiques imputable à la ventilation devient de plus en plus visible et dérange. Pourtant, il convient de renouveler l’air un minimum pour assurer le confort des occupants. La qualité de l’air intérieur en dépend. D’ailleurs, pour qui veut s’offrir quelques frayeurs à propos de l’air que nous respirons dans les bâtiments, il suffit de se rendre sur le site de l’observatoire de la qualité de l’air intérieur à l’adresse www.air-interieur.org.

 

Aération
Parmi les solutions les plus simples, se trouvent les aérateurs individuels pour une ventilation permanente de l’habitat. Vortice qualifie cette offre de Ventilation Mécanique Répartie (VMR). Ce choix facilite surtout les opérations de ventilation de l’habitat existant lorsqu’il est impossible de passer des gaines. Un aérateur est donc placé dans chaque pièce d’eau afin d’extraire l’air humide.
Des entrées d’air sont pratiquées dans les huisseries des pièces à vivre. On peut également allier une régulation hygroréglable à ces extracteurs individuels. Par exemple, le Punto Hygro MHC de Vortice installé sur conduit court, se déclenche en fonction du taux d’humidité détecté. De plus, il intègre le diagramme de Mollier dans son microprocesseur, afin de piloter l’extraction également en fonction de la température. C’est-à-dire qu’une température intérieure plus faible la nuit accroît le taux d’humidité relative (% HR), sans pour autant que le ventilateur ne se déclenche inutilement. En revanche, dans un WC, on choisira un ventilateur équipé d’un détecteur de présence infrarouge et d’une temporisation.
Quant à Atlantic, l’entreprise propose VPIS HYV, un ventilateur permanent individuel qui adapte sa vitesse en fonction de l’humidité détectée dans la pièce. Une ventilation mécanique répartie peut également être dimensionnée en tenant compte du volume global du logement. Dans ce cas, des appareils à deux vitesses seront préconisés : petite vitesse permanente et grande vitesse lorsque la salle de bain ou la cuisine sont utilisées.




Rénovation et certificats d’économie d’énergie
Dans le cadre du mécanisme des certificats d’économie d’énergie mis en place auprès des fournisseurs d’énergie (ayant obligation de collecter un minimum de certificats sous peine de payer des compensations), il existe une dizaine d’opérations standard relatives à la ventilation des locaux, dans le résidentiel et dans le tertiaire. Chaque opération réalisée permet d’économiser des kWh cumulés actualisés (kWh cumac). Il s’agit de kWh économisés durant la durée de vie conventionnelle fixée de l’équipement, corrigé d’un coefficient d’actualisation annuel de 4%. Il faut également se reporter à chaque fiche pour prendre connaissance des conditions (délivrance d’un avis technique du CSTB, maximum de consommation des moteurs...). Voici les fiches disponibles (visibles sur www.industrie.gouv.fr/energie en rubrique “accès directs”) :

Résidentiel
• VMC Double flux (BAR-TH-25)
• VMC simple flux autoréglable (BAR-TH-26)
• VMC simple flux hygroréglable (BAR-TH-27)
• Caisson de VMC à consommation réduite (BAR-TH-32)
• Ventilation mécanique répartie (BAR-TH-33)
• Ventilation naturelle hygrorèglable (BAR-TH-34)

Tertiaire

• Ventilation mécanique modulée proportionnelle (BAT-TH-23)
• Ventilation mécanique modulée à détection de présence (BAT-TH-24)
• Ventilation mécanique contrôlée simple flux autorèglable (BAT-TH-25)
• Ventilation mécanique contrôlée double flux avec échangeur (BAT-TH-26)


 

 

Simple flux autoréglable
Le simple flux autoréglable est la solution traditionnelle d’entrée de gamme disponible depuis des années. Peu coûteuse à l’investissement, elle risque cependant d’alourdir la facture de chauffage. Le flux d’air rejeté est permanent et ne tient pas compte de l’occupation des locaux. Les bouches sont dimensionnées pour réguler mécaniquement un débit constant, quelles que soient les conditions atmosphériques. Un clapet grand débit pourra toutefois être intégré à la bouche d’extraction disposée en cuisine ou dans la salle de bain pour évacuer les forts dégagements d’humidité momentanés. Malgré la faible performance énergétique globale, des progrès sont enregistrés en matière de consommation électrique des moteurs. Depuis trois ans, les équipements de ventilation simple flux font l’objet de certificats NF VMC qui garantissent leur performance, notamment par rapport aux certificats d’économie d’énergie.

 

Simple flux hygroréglable
Le simple flux hygroréglable est la grande évolution apportée aux systèmes autoréglables qui représentent actuellement la grande tendance du marché : assurer le minimum hygiénique du renouvellement d’air en période d’inoccupation tout en gardant la capacité d’adapter le débit automatiquement à l’activité du local par la détection du taux d’humidité, en salle de bain et en cuisine. Plus précisément, il existe deux types de VMC hygroréglables :
- le type A : bouches d’extraction hygroréglables (débit fonction de l’humidité) et bouches d’entrée d’air autoréglables (débit d’air constant) ;
- le type B : bouches d’extraction et d’entrée d’air hygroréglables (débit fonction de l’humidité).

Quelle différence constate-t-on entre les deux systèmes ? Le type A fait entrer l’air de façon homogène par toutes les entrées d’air de l’habitat, quelle que soit l’occupation des pièces. On peut alors se demander pourquoi faire entrer autant d’air dans les chambres que dans la salle à manger pendant un repas ? Le type B pousse alors plus loin la régulation en modulant chaque entrée d’air en fonction du taux d’humidité mesuré dans la pièce.
Ainsi, au moment des repas, l’air sera mieux renouvelé dans la salle à manger et la nuit, le renouvellement se fera plus efficacement dans les chambres occupées. Le type B est plus coûteux, mais son rendement thermique approche celui d’un système à double flux, explique-t-on chez Anjos Ventilation, fabricant de bouche hygroréglables.
Comment fonctionne une bouche d’entrée d’air type B ? Celle-ci exploite la propriété qu’ont certains tissus à s’allonger lorsque l’humidité augmente dans l’air et à se raccourcir lorsque l’air s’assèche. Sur ce principe, Aereco (un des pionniers de la bouche hygroréglable) a disposé 8 ou 16 bandes de polyamide sur son capteur. Ce dernier actionne un ou plusieurs volets, déterminant ainsi le passage d’air en fonction du taux d’humidité relative ambiante. Plus l’humidité au sein du logement est importante, plus les volets sont ouverts. Le capteur est isolé du flux d’air entrant et ne mesure que le taux d’humidité intérieure. De plus, grâce à une correction thermique, l’ouverture des volets s’effectue indépendamment des conditions climatiques extérieures.
Aldes milite pour la mise en oeuvre de conduits rigides afin d’éviter tout déchirement à l’installation et faciliter les opérations de nettoyage. De plus, un conduit rigide pourra faciliter le branchement de deux bouches sur une même branche. Ce qui réduit les longueurs de pose et donc les pertes de charge, surtout pour une maison individuelle à plusieurs étages. Les systèmes simple flux hygroréglables performants font l’objet d’avis techniques délivrés par le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB). Cela définit leur éligibilité par rapport aux certificats d’économie d’énergie (voir encadré).

 

em18 doss vortice
Le groupe VMC Vort Penta conçu pour la rénovation
comme pour les constructions neuves équilibre automatiquement
les débits une fois les gaines branchées.
Un large couvercle facilite les connexions électriques.

 


Mise en œuvre... qui s’y colle ?
Dans l’habitat, la filière ventilation s’appuie sur plusieurs corps de métier : l’électricité, la plomberie, le chauffage... N’ayant que peu de spécialistes face à eux, les fabricants développent des kits complets comprenant caissons, gaines, bouches, systèmes d’accrochage et de connexion électrique. « Il n’existe pas encore de qualification spécifique à la ventilation, hormis un cahier des charges Qualibat assez ancien », précise Thierry Homo chez Unelvent. « En rénovation, ce sont surtout les électriciens qui réalisent les travaux de ventilation, souligne-t-on chez Vortice. Dans le neuf, couvreurs ou menuisiers participent également à l’installation. Globalement, il est difficile de faire évoluer les habitudes, par exemple pour passer à des solutions hygroréglables. Trop souvent en rénovation, le remplacement est fait à l’identique ! Pourtant, l’électricien pourrait apporter un argumentaire percutant face à son client ! »
Pour Remy Bieber, directeur général d’Helios Ventilation, c’est l’électricien qui installe 90 % des systèmes de VMC dans l’habitat. « Mais il n’est pas aéraulicien : il se contente de placer la centrale et de raccorder les bouches ! Il est actuellement difficile de trouver des installateurs qui croient au double flux et au puits canadien, regrette Remy Bieber, en précisant que peu d’électriciens adhèrent à ce courant. Nous travaillons surtout avec de nouveaux professionnels qui créent leur structure en installant panneaux solaires, éoliennes, systèmes de récupération d’eau de pluie... »
Globalement, les fabricants disent largement aider les installateurs lors des phases de pré-étude, notamment pour les chantiers de logements collectifs. Ces mêmes fabricants essaient avec difficulté de constituer des réseaux d’installateurs dans ce paysage singulier.


 

 


Et l’insufflation ?
L’ensemble des systèmes de ventilation utilisés dans le bâtiment crée une légère dépression dans le local ventilé pour induire une entrée d’air (sauf pour le double flux dont l’arrivée d’air est également pilotée par un moteur). Il existe toutefois la solution inverse qui procède par insufflation. La légère surpression alors créée, chasse l’air vicié par des bouches passives prévues à cet effet dans les pièces d’eau.
Toutefois, comme le rappel le CSTB, la réglementation tend fortement à limiter l’utilisation de la technologie par insufflation.
Dans les logements neufs, les textes ne prévoient pas sa mise en oeuvre. Quant à la rénovation, seuls les bâtiments dont le permis de construire date d’avant 1969 seraient autorisés à recevoir une ventilation par insufflation, l’arrêté du 14 novembre 1958 sur l’aération des logements n’étant pas précis à cet égard. En revanche, l’article 1 de l’arrêté du 22 novembre 1969 sur l’aération des logements évoque l’évacuation naturelle ou mécanique et d’entrée d’air. Les textes de 1978 puis de 1982 enfoncent le clou. Lobbying ? Claude Bardoul, en charge de la société Ventilairsec affirme que le principe de l’insufflation est couramment utilisé en Europe du nord. Le soufflage de l’air préchauffé s’effectue au centre du logement, à l’horizontal et au raz du plafond, ce qui permet de destratifier les couches d’air. « L’insufflation, du fait d’une légère surpression de 2 à 3 Pascal sur les parois a l’avantage de ne pas perturber le tirage des appareils à combustion, de mieux confiner les COV dans leur supports, de même que le gaz radon. »

 

em18 doss helios vent
En croisant (sans contact direct) les flux d’air entrant et sortant,
l’échangeur d’un système double flux permet théoriquement de récupérer
jusqu’à 90 % de l’énergie thermique sur l’air extrait.
Il faut toutefois deux moteurs électriques pour animer l’ensemble.

Double flux : l’avenir ?
Comme son nom l’indique, le système double flux est composé de deux réseaux de gaines : le premier extrait l’air vicié dans les pièces humides, tandis que le second apporte l’air neuf dans les pièces à vivre. Ces réseaux sont chacun animés par un ventilateur, d’où une consommation énergétique plus élevée que dans le cas d’un système simple flux. Un échangeur thermique air/air, généralement à plaques, permet de croiser les flux entrant et sortant pour préchauffer l’air entrant “gratuitement”. Si les débits minimum de ventilation ont été abaissés d’une version à l’autre de la RT, ceux-ci ne pourront pas être réduits tous les 5 ans, pour des raisons d’hygiène et de santé publique. D’où l’intérêt du concept double flux qui assure la performance énergétique tout en assurant un taux de renouvellement d’air correct.


Avantage principal : la maîtrise de la qualité de l’air. Effectivement, en centralisant l’entrée d’air neuf, il est possible de le filtrer. Cette centralisation facilite également la maîtrise des bruits extérieurs et des bruits aérauliques. Au rang des inconvénients se place d’emblée l’équilibre coût d’investissement/performance. Effectivement, la solution double flux dans l’habitat procure autant de performance énergétique qu’un système hygroréglable correctement installé. Le double flux comporte deux moteurs électriques qui, même avec un rendement élevé, réduisent la performance énergétique du système. Le coût du double flux est bien plus élevé que celui du simple flux, d’un facteur 5 à 10. Effectivement, la pose d’une centrale double flux dans une habitation neuve nécessite environ deux semaines de travail, réparties à plusieurs étapes de la construction : une approche totalement différente de la ventilation simple flux ! Il faut également savoir qu’un système double flux nécessite plus de maintenance, ne serait-ce pour le nettoyage des filtres en entrée d’air. Enfin, les gaines devront circuler de préférence en faux-plafond ou dans la dalle. Un passage dans les combles crée des pertes thermiques sur l’air extrait, et sur l’air neuf réchauffé après son passage dans l’échangeur. Résultat, cela réduit d’autant le rendement thermique de l’installation !

 

em18 doss Tableau
Enquête réalisée auprès de fabricants représentant 80 % du marché français.
Chiffres arrondis à la centaine près. En complément, il faut signaler que les systèmes hygroréglables
aujourd’hui bien implantés sur le marché de la construction sont,
en revanche, loin d’être un réflexe dans les opérations de rénovation ! (source Uniclima).


Dans l’état actuel des performances et de l’offre proposée sur le marché, la ventilation double flux dans l’habitat reste surtout un choix de confort. Mais, une telle installation se justifie difficilement en rénovation, du fait des passages de gaines, quand bien même certaines offres sont adaptées (voir plus bas).
Unelvent propose une solution double flux pour habitat collectif via un échangeur disposé dans chaque appartement : « La tendance est au faux-plafond dans l’habitat, ce qui facilite le cheminement des gaines de soufflage et de reprise, remarque Thierry Homo, directeur général. Ce concept permet d’atteindre un rendement théorique de 95 % sur l’air extrait. Dans la pratique, il se situe entre 80 et 85 % suivant l’installation. »
Chez Vortice, on avoue travailler sur le sujet (double flux et double flux thermodynamique), même si le catalogue se limite pour l’instant aux solutions à simple flux. Pour faciliter la pose, Helios Ventilation propose, depuis deux ans, une gaine de 63 ou 75 mm de diamètre dotée d’un revêtement intérieur qui se pose comme un conduit électrique. Les conduits peuvent alors être disposés en faux-plafond à l’intérieur du logement. « En Suisse, l’habitude veut que ce soient les électriciens qui installent cette gaine dans la dalle avant coulage du béton. » Actuellement, la
norme qui servira à la certification des systèmes double flux est en cours de spécification. Une marque NF VMC Double Flux devrait voir le jour fin 2008. Si la part de marché de la ventilation double flux reste encore très faible, les prochaines versions de la réglementation thermique pourraient changer la donne ! Mais la consommation électrique des deux ventilateurs risque de freiner l’adoption du concept.

 


Installation, attention à la qualité !
Les fabricants rappellent qu’une bouche d’un kit X ne va pas forcément apporter satisfaction sur un kit Y. Un extracteur prévu pour une traversée de mur ne conviendra plus si on le connecte à une gaine de plusieurs mètres ! Trop souvent, des installateurs improvisent et interprètent l’aéraulique à leur goût... C’est en partie pour cette raison que 70 % des installations de ventilation présentent des problèmes de fonctionnement ! Que dire aussi des occupants d’un logement qui font remplacer leurs anciennes fenêtres par des modèles double vitrage pourvus de joints efficaces. Difficile pour l’installateur de ces fenêtres, qui aura bâti son argumentaire sur l’étanchéité à l’air et au bruit, d’expliquer ensuite à son client qu’il va pratiquer des ouverture pour permettre le renouvellement d’air ! Autre problématique : dans les logements collectifs, combien de bouches ne sont pas reliées au réseau de gaines ? La liste des réalisations bancales est longue ! Un regain de qualité serait pourtant le bienvenu.


 

 

Double flux et couplages
Le double flux n’a pas dit son dernier mot. Plusieurs solutions de couplage sont aujourd’hui sur le marché, bien que certaines soient encore relativement expérimentales à l’image du puits canadien (ou puits provençal selon ses affinités). Ce couplage écologique “tendance” met enfin en oeuvre de façon industrielle un principe géothermique qui n’est pas nouveau : préchauffer ou pré-raffraîchir l’air entrant en le faisant circuler dans le sol. Cette circulation s’effectue à travers un réseau gainé, disposé autour de la maison, sur une longueur de 30 à 40 m. Le coût du puits canadien peut être optimisé en intervenant, en phase de construction de la maison, lors de la réalisation des fouilles. Le coût varie entre 5 000 et 10 000 €. « Un tel investissement doit être perçu avec une vision patrimoniale », tempère Thierry Homo, directeur général d’Unelvent. Précisons qu’en hiver, le puits canadien n’apportera que quelques pourcents de rendement supplémentaires à une installation double flux. Il permet toutefois d’éviter le givre sur l’entrée d’air. Le réel avantage thermique du puits canadien se trouve en été pour rafraîchir la maison.
En France, Helios Ventilation commercialise une offre de systèmes double flux et de puits canadien : « Helios propose cette offre depuis une dizaine d’années à son catalogue d’Europe du Nord. En France, nous avons commencé à recevoir des demandes au sujet des puits canadiens par internet. Aujourd’hui, une grande part des demandes provient encore d’auto-constructeur », souligne Remy Bieber, directeur général d’Helios Ventilation France.


En complément de son offre double flux, Atlantic lance actuellement un puits canadien baptisé PAG (Prise d’Air Géothermique), sous la forme d’un kit complet : couronne de gaine à dérouler (à la différence de tube rigides à assembler chez Unelvent), prise d’air, regards et accessoires de raccordement.


Une seconde tendance est promise à un bel avenir, sans nécessairement devoir creuser des tranchées dans le jardin ! Il s’agit du couplage avec une solution thermodynamique. Selon la réglementation thermique, les besoins de chauffage dans les logements seront de plus en plus faibles. Dans ce contexte, pourquoi ne pas utiliser un système thermodynamique pour extraire les calories de l’air rejeté pour préchauffer, voire chauffer l’air neuf ? L’idée est séduisante, mais encore peu répandue. Dans cet esprit, Aldes dispose depuis 1999 d’un système double flux thermodynamique baptisé Températion. Ce dernier permet de rafraîchir l’air de quelques degrés en été ; mais seulement de le préchauffer en hiver. Lors du dernier salon Interclima+Elec, le fabricant est allé un peu plus loin en dévoilant un prototype T.zen 400 (implanté dans quelques maisons), qui sera commercialisé courant 2009. Le concept est 4 en 1 : ventilation, rafraîchissement, chauffage et ECS. Le système comprend un échangeur à plaque d’un rendement de 50 %, volontairement bas pour laisser à la PAC de 1 kWh électrique la possibilité de préchauffer l’air entrant. Préchauffé, cet air arrive ensuite dans un caisson de distribution qui intègre une résistance électrique d’appoint sur chaque départ vers une bouche pour assurer la totalité du chauffage du logement. Enfin, la PAC permet de chauffer l’eau chaude sanitaire. L’été, sa source froide assure le rafraîchissement de l’air entrant, sans alourdir la facture d’électricité puisqu’en contrepartie, le système thermodynamique chauffe l’ECS ! Aldes dédie ce concept aux maisons basse consommation répondant aux labels HPE, THPE, voir BBC. Unelvent réfléchit à l’option thermodynamique au travers de l’intégration optimisée d’une pompe à chaleur d’ici la fin 2008. Les concepteurs de systèmes de ventilation et de pompes à chaleur travaillent aujourd’hui sur les problématiques multi-sources et multirestitution de l’énergie car l’obligation de haute performance énergétique sera appliquée d’une façon de plus en plus stricte. « Les aspects de régulation vont devenir prépondérants afin d’obtenir des coefficients de performance les plus élevés, dans un contexte de scénario adaptatifs », souligne David Bonnet, directeur des ventes France chez Technibel. Le nouveau label de certification des pompes à chaleur NF PAC a prévu des catégories de PAC air extrait / air et air extrait / eau à son référentiel. Mais pour l’heure, aucun candidat ne s’est présenté... À suivre.

 

Besoin de solutions “rénovation”
Une grande part du marché de la ventilation dans l’habitat concerne la rénovation. L’enjeu énergétique est de taille, en témoigne les dix fiches d’actions standardisées des certificats d’économie d’énergie (voir encadré). Outre le choix d’une ventilation ponctuelle ou ponctuelle répartie, l’installateur peut aujourd’hui oser le caisson autoréglable ou hygroréglable, avec des produits dédiés rénovation qui se prêtent au jeu. Unelvent propose le caisson d’appartement MicroGEM de 15 cm de hauteur, à placer en faux-plafond ou dans un placard pour une extraction auto ou hygroréglable. Celui-ci offre tout de même 6 piquages d’extraction ! En maison ou en appartement, Atlantic lance le caisson métallique de rénovation Ervent 2 SRI. Extra-plat (15 cm de haut), ce dernier se loge en faux-plafond. Il ne consomme que 22 W en petite vitesse. Le grand débit est actionné à l’aide d’une télécommande. Pour gagner de la place lors de l’installation d’un système à double flux, Aldes dispose de conduits extra-plats rigides en PVC, à disposer dans l’épaisseur d’un isolant, en cloison ou en faux-plafond.

 

Quelques niches...
Outre le fait d’être spécialiste des bouches d’entrée et d’extraction d’air, Anjos Ventilation possède également des compétences “caisson” pour répondre à certains besoins de niche. Pour la rénovation de salles de classe, Anjos a lancé sa première solution double flux monobloc avec filtration. Objectif : rénover les salles une par une sans perturber le fonctionnement de l’école. Autre innovation : la hotte d’extraction en cuisine qui sert à la fois d’extraction d’air audessus du plan de cuisson et d’extraction d’air du logement, le tout en apportant de l’air neuf directement au niveau du plan de cuisson. « Ce système évite, entre autres, de perturber la ventilation lorsque l’on met en route la hotte en cuisine », explique Mickäel Blazy, responsable marketing chez Anjos.


La chasse aux watts
La tendance générale est à l’utilisation d’auxiliaires moins gourmands en énergie. Plusieurs solutions sont alors intégrées par les fabricants : variation de vitesse des moteurs pour les débits variables, moteurs à haut rendement et réduction de la dépression en amont des bouches d’extraction. Sur ses caissons, Unelvent propose des moteurs dont la puissance a fondue de 35 à 15 W, grâce à une nouvelle technologie à courant continu avec régulation intégrée plus fine pour un coût légèrement supérieur. Helios Ventilation intègre des moteurs électrocommutés dans sa nouvelle génération de caissons double flux, avec un rendement identique quelle que soit la vitesse de rotation. Lors du salon Interclima+Elec, Atlantic présentait son nouveau caisson très basse consommation Hygrolix BBC pour VMC hygroréglable de type A ou B. Animé d’un moteur à courant continu de 9 W (pour T4) à 13 W (pour T7), l’Hygrolix BBC réduit de moitié la puissance du moteur de la précédente génération lancée il y a trois ans. Ce caisson sera disponible dès cet été. Enfin, le système de ventilation permanente individuelle VPIS d’Atlantic ne consomme que 4 W !


Pour les systèmes hygroréglables, le bon fonctionnement des bouches d’extraction nécessite une dépression en amont d’environ 80 Pa (Pascal). Les développements des fabricants de bouches tendent à réduire cette dépression, ce qui limite la puissance du moteur et sa consommation. Anjos Ventilation vient de lancer une nouvelle bouche, ayant reçu un avis technique, qui se contente de 70 Pa. Et les systèmes basse pression ? Ce concept de ventilation est basé sur la différence de température entre l’intérieur et l’extérieur de l’habitation. De ce fait, en période estivale, le fonctionnement n’est plus aussi évident, sans un complément de ventilation mécanique. Toutefois, les mécaniques de ventilation à basse pression du futur apporteront certainement des réponses aux problèmes actuels de fuites d’air des réseaux, de rendement des équipements et d’acoustique.

 


Habitat collectif : définir rapidement un projet
Anjos Ventilation et ses partenaires industriels ont mis au point un outil logiciel de prescription dont l’objectif est de pouvoir définir rapidement un projet. Ainsi, un choix de plus de 300 caissons proposés par les fabricants partenaires d’Anjos permet de faciliter la sélection de matériels. Puissances et débit étant connus, les valeurs réelles de ce dimensionnement peuvent compléter avec précision l’étude thermique. Lancé en septembre 2006 pour des application dans l’habitat collectif, ce logiciel (version 2.02), devrait être complété fin 2008 par un module “tertiaire” pour des caissons de 10 000 à 12 000 m3/h.


 

 

em18 doss aldes
Dans l’habitat collectif, cette solution de raccordement
flexible des bouches permet d’accroître l’étanchéité
et de corriger les défauts d’alignement avec les gaines rigides.

 

Habitat : les obligations
En 1982 un arrêté donnait un aspect réglementaire à la ventilation des locaux d’habitation neufs, car les constructeurs de logements et de maisons individuelles commençaient à mettre en oeuvre des isolants performants tout en réduisant les fuites d’air. Il fallait donc assurer un minimum de qualité de l’air par renouvellement.
Depuis le 1er novembre 2007, la réglementation thermique appliquée aux bâtiments existants oblige à un niveau minimum de performance énergétique toute opération de rénovation notamment relative à l’isolation, au remplacement des fenêtres et à la ventilation de l’habitat. Seulement, il s’agit d’une approche lot par lot. Aussi, un logement refait à neuf au niveau de l’étanchéité de l’air et de l’isolation thermique n’a pas obligation de ventilation. Nous voici donc retombé dans la problématique des “boîtes hermétiques” conçues au début des années 80. La logique du professionnel l’emportera-t-elle sur le strict respect des textes ?

 

Tertiaire : la détection de présence
Dans les projets de construction tertiaire, la ventilation double flux est plus souvent choisie que dans l’habitat. Quant aux réalisations de type HQE, ce choix est systématique. Là aussi, la performance énergétique est de mise : Aldes a lancé une gamme de moteurs à commutation électronique et d’échangeurs haut rendement à contre-courant. Dans le cadre de projets de rénovation, les débits de systèmes de ventilation existants peuvent être modulés en fonction de la présence dans les bureaux : à l’aide de capteurs optiques modulants pour les plafonds inférieurs à 3,5 m (chez Aldes ou chez Aereco par exemple) et pour les plus grandes hauteurs sous plafond, à l’aide de capteurs de CO2 ou d’humidité de l’air. Les débits peuvent alors être modulés de façon proportionnelle à l’occupation à l’aide de moteurs entraînés par des variateurs de vitesses.

M.L.

 

Copyright 2013 - Magazine des professionnels de la Filière Électrique - Électro magazine