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 Dossier - Novembre-Décembre 2009

 Appareils de contrôle et de mesure : de précieux alliés pour l’électricien


Benoit NeelEdito

"Optimisme mesuré, pour le Syndicat de l’instrumentation de mesure"

Le SIMTEC, Syndicat de l’instrumentation de mesure, du test et de la conversion d’énergie dans le domaine de l’électronique, qui regroupe 54 entreprises, fabricants, distributeurs et sociétés de services, a reçu en octobre, une étude commandée concernant nos activités.
Cette étude montre que le SIMTEC a enregistré une stabilisation de son indicateur d’activité au cours du deuxième trimestre. Le troisième trimestre montre une diminution de l’indice qu’explique la période estivale.
Nous avons pourtant des raisons pour un optimisme mesuré.
Certains secteurs comme l’aéronautique-défense (près d’un tiers de notre CA) et ceux de l’éducation et de la recherche (9 % du CA) se maintiennent, et une amélioration est attendue pour l’automobile et les télécommunications. Les projets d’infrastructures (réseaux, équipements numériques) comme de produits (voiture électrique), liés aux problématiques environnementales (économies d’énergie, recyclage), laissent penser que des investissements seront engagés à partir de 2010.
Le marché global estimé à 400 M€ devrait légèrement décroître en 2009, pour se redresser ensuite si ces projets voient le jour.
La diversité de nos produits et la nécessité vont conduire nos clients à renouveler et/ou à reconstituer des stocks, même à des prix plus bas, d’autant que 2010 devrait voir se débloquer des projets et des commandes seulement mis en suspens.
Au sein de la FIEEC, notre syndicat participe aux débats sur les opportunités et les moyens de tirer le meilleur parti d’une situation économique et sociétale difficile.
Le plan de conquête de la FIEEC a posé des priorités comme le renforcement des infrastructures numériques et électriques ainsi que le développement de projets répondants à des besoins sociétaux, cohérents avec les problématiques environnementales (économie d’énergie, e-santé). Ces priorités ont été reprises dans la contribution que la Fédération apporte au débat sur le grand emprunt.

 

Benoît NEEL,
Président du SIMTEC

 


Appareils de contrôle et de mesure : de précieux alliés pour l’électricien


En complément de ses outils de mesure traditionnels, l’électricien voit arriver dans sa panoplie des outils de contrôle, de diagnostic, voire d’analyse. La caméra de thermographie infrarouge, perçue comme un outil généraliste contribue elle aussi, à déjouer certains pièges. Tour d’horizon...

 

« L’électricien effectue généralement trois types de missions, explique Christophe Lay, responsable marketing produits chez Catu. Tout d’abord pour installer ou rénover, il doit s’assurer qu’il travaille hors tension à l’aide d’un VAT - vérificateur d’absence de tension - ensuite, pour vérifier et réceptionner son ouvrage, il doit tester la terre, l’isolement et le fonctionnement des différentiels. Enfin, lors de missions de diagnostic et de maintenance, il doit traquer les indices via la mesure de la terre, de l’isolement, des différentiels et des courants de fuite... Jusqu’à présent, la fonction contrôle s’est toujours placée du coté des normes, alors qu’elle sert surtout à résoudre des problèmes ! »


Yann Gateau, responsable marketing et ingénieur d’application chez Megger, remarque, quant à lui : « Dans la perspective du test et du contrôle des installations, les électriciens devront d’autant plus se former. Actuellement, en France et pour les installations domestiques, cela est loin d’être une habitude à la différence, par exemple, de la Grande-Bretagne où tout électricien qui intervient sur une installation doit produire un certificat de test et de conformité. Cette nécessité apparaîtra aussi face à des installations de plus en plus techniques, telles que les applications photovoltaïques. »
Les besoins des électriciens en équipements de mesure électrique restent les mêmes pour les actions de base, c’est-à-dire les testeurs électriques et multimètres, mais la mesure des harmoniques n’est-elle pas devenue une habitude ? « Non. Les installateurs sont peu pro-actifs sur ce point. Ils s’en préoccupent seulement quand survient un problème, souligne Jean-Jacques Candas, responsable support produits chez Fluke. En revanche, dès qu’il s’agit de grandes installations, les prestations d’analyse se distinguent de celles de mesure pour devenir un métier à part entière. »

 

Des appareils innovants
EM32 Dossier Photo01Le multimètre à affichage distant est né ! Le Fluke 233 s’utilise comme un appareil standard ou en déportant l’écran jusqu’à 10 m. « Écran en main, on peut laisser le multimètre en place et aller actionner un contacteur dans un tableau, explique Jean-Jacques Candas. Cet appareil est encore plus utile pour des mesures en zones d’accès interdit. ». Autres appareils aux caractéristiques spécifiques : les Fluke 27 II et 28 II. IP67 pour un fonctionnement de
-15 à +55 °C, ces multimètres tous terrains acceptent les chutes de 3 m de hauteur et se rangent en se retournant dans leur coque plastique. Ils peuvent s’utiliser en pleine nuit grâce aux touches rétro-éclairées. « Pour les chauffagistes, le Fluke 116 dispose d’une gamme 200 microA permettant de vérifier le courant d’ionisation sur les brûleurs de chaudière. » Le Fluke 435, appareil d’analyse, permet de pister les problèmes intermittents ou aléatoires et de mixer différentes mesures sur les 3 phases ; il bénéficie d’un lien à une horloge externe par GPS, de quoi assurer un horodatage avec des mesures effectuées par ailleurs.


EM32 Dossier Photo02Le contrôleur d’isolement et de continuité MIT400, produit phare de Megger (inventeur de la mesure d’isolement en 1889), offre une alarme réglable sur seuil, la possibilité de mémoriser des données et aussi de les transmettre à un PC par liaison Bluetooth. Il s’étalonne tous les 3 ans.


EM32 Dossier Photo03Chez Catu, le contrôleur d’isolement DT500 mesure la résistance des circuits (placés hors tension) en envoyant une tension à partir de 5 V et non directement sous 500 V, ce qui pourrait parfois causer des dommages aux appareils sur le circuit. Suivant la valeur de la résistance mesurée, celle-ci s’affiche en rouge (mauvaise) ou en vert (bonne) afin d’éviter toute erreur de jugement.

 

« Multifonctions » ou « monofonction » ?
EM32 Dossier Photo04« Nous constatons une préférence pour l’achat d’appareils multifonctions chez les installateurs », explique d’entrée Marina Berho, chef de produit contrôle et sécurité chez Chauvin Arnoux. Le contrôleur d’installation multifonctions Métrix MX435D permet de mesurer la continuité des circuits, d’effectuer les tests différentiels et à présent de mesurer la boucle de terre. « De plus, une mesure permanente de la tension interdit par exemple la mesure d’isolement en présence d’une tension », souligne Marina Berho. « Nous disposons aussi d’appareils bi-fonction qui assurent les tests des disjoncteurs différentiels et la mesure de boucle ou d’isolement et la mesure de continuité. »


EM32 Dossier Photo05Chez Megger, le MFT1500/2, testeur d’isolement, de boucle (sans déclenchement des différentiels) et de DDR, constitue une des offres multifonctions pour les installations domestiques, tertiaires et industrielles.


« Répondre à de nombreuses contraintes oblige à certains compromis, souligne Christophe Lay chez Catu. Tandis qu’un appareil dédié à une seule mission apportera plus de performance. Mais cela ne nous empêche pas de reconnaître les atouts des appareils de mesure multifonctions dans certaines situations ! Le produit monofonction reste cependant très pédagogique et rassure beaucoup les utilisateurs. »
Les appareils de contrôle de Catu, tel que le Catex DT300 pour la mesure de la valeur de terre, qualifient directement le résultat de bon ou de mauvais, ce qui facilite parfois les explications apportées au client. De plus, un appareil monofonction, par définition plus léger, convient mieux à une utilisation intensive lors de contrôles répétitifs.

 

Question d’intelligence
« Dans le tertiaire, nous constatons une demande d’appareils pouvant assister le technicien, par exemple en mémorisant les données de façon contextuelle par site, pièce, objet, afin de faciliter le dépouillement. En témoignent les fonctions de mémorisation du nouveau contrôleur CA 6116 qui remplacera à terme le modèle CA 6115. L’intelligence contribue aussi à aider au diagnostic de mesure en interprétant les résultats », précise Marina Berho. Cette « intelligence » se concrétise aussi par le fait de répondre à l’ensemble des normes internationales. « D’où la possibilité de mesurer une boucle de ligne et de calculer le courant de court-circuit, afin de pouvoir dimensionner les disjoncteurs... Même si cette démarche n’est pas pratiquée en France. » Le contrôleur CA 6116 dispose aussi de fonctions de mesure de puissance et d’harmoniques pour une analyse de la qualité de l’énergie. « Cela devient indispensable dans le tertiaire. Mais cet appareil ne remplace pas le Qualistar ! Il s’agit juste d’un premier niveau d’approche des harmoniques. »




Quel étalonnage des appareils ?
« Il n’existe pas de normes spécifiques concernant les appareils de mesure pour les électriciens. Toutefois, nous recommandons un étalonnage annuel via notre filiale Manumesure. Il faut y penser lors des congés. Ce qui évite d’être démuni de ses appareils pendant la durée de l’étalonnage », conseille Marina Berho chez Chauvin Arnoux.
Concernant ses caméras de thermographie IR, Fluke recommande un étalonnage tous les ans ou tous les 2 ans, pour un coût de 150 à 400 €.


 

Thermographie : bataille autour de l’entrée de gamme
EM32 Dossier Photo06Aujourd’hui, pour moins de 3 000 €, l’électricien dispose d’un appareil capable d’effectuer des diagnostics d’échauffements anormaux, de repérer des câbles chauffants dans une dalle ou de visualiser des ponts thermiques ou des défauts d’isolement lorsqu’il réalise des installations de chauffage.
Chez Chauvin Arnoux, la caméra de thermographie infrarouge RayCam (CA 1884), milieu de gamme, est complétée par une caméra d’un rapport performance/coût supérieur : la DiaCam (CA 1879) accessible à 2 300 € HT. Elle permet le repérage automatique des points chauds, par exemple lors du contrôle d’un tableau électrique. Outre l’adjonction de commentaires vocaux, sa capacité à fusionner thermogrammes et images réelles facilite la rédaction des rapports et l’argumentation d’un devis. IP54, cette caméra adopte le format d’un appareil photo compact, avec une poignée en option. Chauvin Arnoux propose par ailleurs un banc didactique (CA 1875) dédié à la thermographie IR pour l’enseignement. Fourni avec ses travaux dirigés et travaux pratiques, il peut être utilisé pour démontrer l’ensemble des sources d’erreurs possibles lors d’une mesure.


EM32 Dossier Photo07En 2008, Flir a vendu en France 1350 caméras tous secteurs confondus, dont environ 20 % aux électriciens. « En 2008, nous avons aussi formé 1 000 professionnels à la thermographie IR », ajoute Loïc Prémartin, directeur des ventes Flir pour l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique. Les développements de gamme de Flir concernent à la fois le haut de gamme et l’entrée de gamme. Par exemple, la caméra de poing I5 élargit les possibilités d’accès en plaçant la thermographie infrarouge à moins de 2 500 € HT. « D’ici 4 à 5 ans, la plupart des électriciens possèderont une caméra de thermographie ! Aujourd’hui nous vendons déjà 25 à 30 fois plus de caméras qu’il y a 5 ans », lance Loïc Prémartin.


EM32 Dossier Photo08« Les diagnostiqueurs, dont ceux ayant un rapport à l’installation électrique, sont en train de sérieusement s’équiper, souligne Mathieu Villebrun, responsable support produits chez Fluke. Mais il faut prendre garde au choix du matériel : un appareil intégrant une matrice de 160 x 120 pixels, tel que la Ti9 ou la Ti10 est un minimum en dessous duquel il est bien difficile de déterminer la température d’un câble sans réduire l’angle de prise de vue. » Chez Fluke, cette matrice permet de viser un détail de 0,4 mm à 15 cm ou de 2,5 mm à 1 m. À 50 cm, le détail visé est de 1,3 mm, ce qui est suffisant pour déterminer la température d’un câble de 1,5 mm2. En complément de la caméra Ti9 (2 995 € HT), Fluke propose la Ti32 (8 495 €), dotée d’une matrice de 320 x 240 pixels offrant une précision de 0,6 mm à 50 cm. Sur ce modèle, plutôt destiné à la prestation de service, le thermogramme et la photo réelle sont issus d’un même angle de prise de vue et stockés dans un même fichier avec les éventuels commentaires audio. « Avec la fonction d’alarme sur seuil, il est possible de voir l’image réelle avec comme seules incrustations de thermogrammes, les points dépassant le seuil. » Quels sont les points sensibles d’une caméra ? « L’optique. C’est pourquoi nous l’avons particulièrement bien protégée sur la Ti32. D’ailleurs, cette caméra passe les tests en subissant une chute de 2 m de hauteur sur une planche en bois, sous tous les angles ! » 


EM32 Dossier Photo09Pour Eric Strugarek, chargé de mission et responsable du service formation Testo, l’équipement en thermographie dans les petites entreprises du bâtiment est surtout lié à un mouvement d’émulation entre confrères. « Certains de nos clients ne suivent pas de formation lors de l’achat d’une première caméra... et nous les voyons revenir assez rapidement ! » Testo conseille à ses clients d’opter pour une caméra évolutive car chaque professionnel peut développer de nouvelles applications avec son outil. Par exemple, les défauts de perméabilité à l’air des bâtiments (quantifiés par le label BBC Effinergie) peuvent aussi être mis en évidence à l’aide d’une caméra. Testo propose une gamme de caméra de thermographie IR de moins de 3 000 € à 8 500 €.




Greenlee
EM32 Dossier Photo10En France, depuis le 1er septembre 2009, Klauke a repris l’activité Greenlee (groupe Textron). Une des 3 familles de produits de Greenlee concerne les appareils de mesure et de contrôle. Il s’agit notamment de pinces ampèremétriques (photo 10), VAT et multimètres, qui viennent en complément d’une offre d’outillages à main tels que tournevis, pinces à sertir et pinces de coupe. Et Stéphane Weiten, directeur marketing de Klauke France, d’ajouter : « Tous nos appareils de mesure sont garantis à vie ! »


 

 

Mariage entre multimètre et caméra
À quand l’appareil hybride capable de réaliser les fonctions de mesure d’un multimètre et des visées de thermographie infrarouge ? Les performances du numérique et la compacité des caméras d’entrée de gamme ne sont plus des limites à un tel mariage. « La gamme des produits Extech comprend un pyromètre infrarouge intégré à une pince ampèremétrique, souligne Loïc Prémartin chez Flir, que nous proposons depuis peu sur le marché français. Le concept du produit de thermographie mixte est techniquement possible, mais c’est une question de coût. Reste à savoir lequel de la caméra ou du multimètre intégrera l’autre fonction... »

 

Quelle distribution ?
Chez Flir, la distribution des caméras à destination des professionnels de l’industrie passe notamment par les réseaux ETN et Sonepar. Quant au marché du bâtiment, les agences tertiaires de Sonepar, Fondis Electronique, ITGA et quelques indépendants sont vecteurs de la thermographie. « Nous n’adressons pas de marchés de masse. Toutefois, nous restons ouverts à discussions pour développer nos ventes par le canal de la distribution. Mais nous restons très sélectifs car notre métier nécessite des personnes relais bien formées », ajoute Loïc Prémartin.
Les caméras de thermographie Fluke sont, quant à elles, distribuées par le réseau Rexel depuis 2009.
Si Megger vend en direct ses produits les plus techniques, le fabricant passe par la distribution spécialisée (industrie, télécoms, diagnostique immobilier) pour ses appareils les plus courants. Et la distribution électrique ? « Bien que nous nous soyons limités depuis 10 ans à la distribution spécialisée, nous avons toutefois la volonté de passer par des canaux de distribution plus larges visant les installateurs électriciens », ajoute Yann Gateau.

 

Michel Laurent

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