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 Solution technique - Mars 2021

Cheminements de câbles : rappel des bonnes pratiques


Le cheminement des câbles électriques et de données est indissociable du reste de l’installation électrique. Il assure la sécurité des personnes, la pérennité de l’installation face aux différents types d’agressions extérieures. Réalisé dans les règles de l’art, ce cheminement facilite aussi l’évolutivité de l’installation tout au long de son cycle de vie.


SolTech 122La notion de « cheminement de câbles » regroupe l’ensemble des systèmes de goulottes, moulures, conduits, chemins de câbles, ainsi que les équipements du poste de travail qui permettent le cheminement des câbles (énergie et communication) jusqu’aux points d’utilisation. Là où l’utilisateur connecte ses prises de courants et câbles informatiques.
Sa mission ? Faire cheminer, soutenir et protéger les câbles et conducteurs isolés. La notion de protection est primordiale : protection contre la pénétration des corps solides et liquides (IP), protection contre les chocs (IK) ou contre l’écrasement, protection contre les agressions chimiques, protection contre les perturbations électromagnétiques...
Toutes ces familles de produits (cheminements, accessoires et composants spécifiques) permettent d’assurer une continuité du cheminement et une intégration à̀ tout type de bâtiment : résidentiel, tertiaire, industriel ainsi qu’aux infrastructures.
En résumé, pour être complète, une solution de cheminement de câbles doit comprendre les longueurs et les composants, c’est-à-dire les angles, jonctions, embouts, fixations…

De nombreux défauts constatés sur le terrain
Il existe donc toutes les règles de l’art et les réponses techniques pour assurer la protection globale et pérenne des câbles. Pourtant, dans la pratique, de nombreuses non-conformités sont constatées sur le terrain. Cela concerne notamment :
– l’absence de pose des composants et accessoires adéquats, notamment pour dissimuler les conducteurs isolés et les rendre inaccessibles lors de la pose de moulures avec angles saillants. L’indice de protection (IPXX) n’est pas respecté. Les protections non garanties dans le temps ne sont pas autorisées ;
– la garantie de l’évolutivité de l’installation dans le temps. Par exemple, le fait de rendre une gaine électrique étanche à l’air en y injectant du silicone n’est pas autorisé. Cela interdit notamment tout tirage de câble ultérieur. Il convient alors de placer les bouchons d’étanchéité adaptés ;
– la liaison équipotentielle et la continuité électriques des chemins de câbles ;
– mauvaise protection des câbles, par exemple lors des changements de direction sur des dalles de chemins de câbles. Pour assurer une protection adaptée et pérenne, il existe des accessoires conçus pour couvrir les coupes imprécises et garantir l’intégrité des câbles ;
– non-respect des rayons de courbure des câbles de données (cuivre et fibre optique). Ce type de pose dégrade directement les performances de ces câbles de communication. Les conséquences peuvent aller jusqu’à la perte de données. Pour éviter ce type de pose, il existe des accessoires permettant de respecter un rayon de courbure minimal lors des changements de direction. Ces accessoires contribuent également à optimiser les espaces de câbles ;
– mauvaise tenue mécanique des chemins de câbles. Rappelons que si les vérifications du Consuel ne portent pas sur la tenue mécanique des chemins de câbles, l’intégrateur électricien en demeure toutefois pleinement responsable. En complétant et en signant l’attestation de conformité Consuel, il s’engage à avoir réalisé une installation électrique conforme aux prescriptions de sécurité en vigueur ;
– résistance mécanique des conduits électriques inadaptée, par exemple dans les parcs de stationnement de plus de 100 m2, où certains conduits doivent être IK10 (et non IK07).

Les points de contrôle du Consuel portent notamment sur la présence d’un capot ou couvercle démontable à l’aide d’un outil (GTL, goulottes et moulures), sur la continuité de la protection mécanique (des conducteurs isolés) jusqu’à leur pénétration dans le tableau électrique de répartition (GTL en tant que goulotte), sur le respect des degrés de protection requis selon les emplacements (GTL, goulottes, moulures, tubes, et conduits).

Quelques points réglementaires
• Concernant l’ensemble des bâtiments, la norme d’installation NF C 15-100 précise aà l’article 521.2, « Choix des canalisations » : « Les conducteurs isolés ne sont admis que si le conduit, conduit profilé́ ou la goulotte possède le degré IP4X ou IPXX-D et que les couvercles de la goulotte nécessitent l’utilisation d’un outil pour être retirés. »
La norme système de goulotte NF EN 50085 indique par ailleurs que l’IP4X ou IPXX-D peuvent être déclarés seulement si le système du fabricant comporte, en plus des longueurs, des composants d’assemblage appropriés : « IP4X ne peut être déclaré quand il repose sur une jonction en bout à̀ bout ou sur la précision de la coupe des longueurs de conduit-profilé́ ou des longueurs de goulotte ou des couvercles d’accès, sans fournir des accessoires de cheminement appropriés ou des moyens d’assemblage appropriés ou des moyens d’étanchéité supplémentaires préfabriqués en usine. »
• Concernant plus particulièrement les logements existants : ils sont assujettis à un diagnostic électrique réglementaire (article R 134-11 du Code de la construction et habitation) en cas de vente ou de location. À cette occasion, la protection des conducteurs par des conduits, moulures ou plinthes constitue un des six points de sécurité électrique vérifiés par les diagnostiqueurs.
• Pour les établissements recevant des travailleurs (ERT) : selon l’article R4215-15 du Code du travail, qui régit les ERT, les installations électriques réalisées conformément à̀ la norme NF C 15-100 article 521.2 sont réputées satisfaire aux exigences du chapitre V, « Installations électriques des bâtiments et de leurs aménagements. »
L’article R4215-9 du Code du travail précise : « Les canalisations électriques sont mises en place selon les prescriptions particulières à̀ chaque mode de pose. »
Les longueurs installées avec les composants du système contribuent à la conformité des installations dans les ERT.
• Au sujet des établissements recevant du public (ERP) : l’exigence de l’article EL 10 du règlement de sécurité́ incendie indique : « Les systèmes de conduits, de conduits profilés, de goulottes, de chemins de câbles, d’échelles à̀ câbles et similaires sont du type non propagateur de la flamme et donc satisfont pour :
– les longueurs de ces systèmes à̀ l’essai à̀ la flamme de 1 kW de la norme NF EN 60695-11-2 (2004), sauf pour les longueurs de goulotte de câblage pour installation dans les armoires, qui satisfont à l’essai au brûleur-aiguille de la norme NF EN 60695-11-5 (2005) ;
– les autres pièces de ces systèmes à̀ l’essai au fil incandescent de la norme NF EN 60695-2-11 (2001), la température du fil incandescent étant de 650 °C. »

Le cheminement, ça se voit !
Enfin, il ne faut jamais oublier que l’esthétique finale de l’installation électrique demeure la signature de l’entreprise, son image de marque. C’est la meilleure carte de visite de l’intégrateur électricien !

Michel Laurent

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