Solution technique - Août-Septembre 2017
N°94 - Le verrouillage électrique fait son entrée dans tous les secteurs
Cela fait bien longtemps que nos voitures s’ouvrent sans l’usage d’une clé mécanique traditionnelle. Dans le secteur de l’habitat, le monde de la serrure électrique semble s’ouvrir à une approche dématérialisée, en lien avec de nouveaux services. La « maison connectée » s’étend à de nouvelles fonctions. Restent par ailleurs des solutions de verrouillage électriques plus traditionnelles, notamment réservées aux usages professionnels et collectifs.
Les serrures et solutions de verrouillage motorisées constituent un domaine jusqu’alors peu mis en œuvre dans le secteur domestique, excepté dans de rares cas, pour répondre à des contraintes de handicap ; elles concernent les ouvrants, leur manœuvre motorisée. D’un coût encore aujourd’hui reconnu comme élevé, car incluant du matériel très spécifique, la motorisation intégrée à l’ouvrant connaîtra, dans les années à venir, un fort déploiement, car la plupart des fabricants de portes et de fenêtres la proposent. En attendant, le marché domestique dispose d’une offre de plus en plus large, connectée ou non, en parallèle d’un marché professionnel (tertiaire et infrastructures) déjà habitué à cette catégorie d’équipements pour le contrôle d’accès. Voici tout d’abord quelques rappels.
La ventouse
La ventouse en applique est constituée d’un électroaimant (sur le dormant) et d’une contreplaque montée en vis-à-vis (sur l’ouvrant), permettant d’assurer le verrouillage électromagnétique d’une porte. Elle est utilisée dans le tertiaire et pour les parties communes de l’habitat collectif. Avantage : point de modification de structure ni d’usinage quelconque. La ventouse électromagnétique est alimentée par un courant continu de 12, 24 ou 48 V. Elle présente une résistance à l’arrachement jusqu’à plus de 1 000 kg. Il s’agit d’un verrouillage à sécurité positive : le déverrouillage s’effectue lors de la coupure du courant. Son installation rapide et sa fiabilité lui confèrent des avantages qu’aucun autre système de verrouillage électromécanique ne peut égaler.
En version encastrée, la ventouse s’adapte sur une porte préalablement conçue pour recevoir le dispositif.
La ventouse à cisaillement, dotée elle aussi d’une contreplaque mobile, permet d’obtenir une résistance à l’ouverture forcée supérieure à celle d’une ventouse traditionnelle. Elle peut également être montée en applique à l’aide d’un kit de mise en saillie spécifique et s’installe indifféremment en mode vertical ou horizontal.
Bien anticiper le choix des accessoires
En pleine mutation, le métier du verrouillage se trouve aujourd’hui à la limite de plusieurs métiers : serruriers et électriciens se retrouvent autour des ouvrants. Outre l’approche électrique par le bon choix de l’alimentation, du câblage et de ses protections, ainsi que d’éventuels boutons-poussoirs, il existe un grand nombre d’accessoires de quincaillerie à prévoir pour que l’installation soit complète, opérationnelle et la plus discrète possible : équerre en L pour ventouse applique, passe-câbles encastré… Notons cependant que la dernière génération de serrures connectées (applications domestiques) s’installe sans aucun accessoire et avec un simple tournevis.
La gâche électrique
Depuis longtemps mise en œuvre dans tous les secteurs, la gâche électrique permet de contrôler électriquement une porte disposant d’une serrure à pêne demi-tour. L’action d’ouverture se fait par la rupture de courant ou par son émission, selon le modèle de gâche utilisé, libérant alors le volet de la gâche électrique qui pivote sur son axe afin de libérer le pêne demi-tour de la serrure.
La gâche est installée dans le dormant de la porte. Elle peut-être montée avec ou sans têtière. Cette dernière est prévue pour recevoir également le pêne dormant de la serrure. La gâche électrique se classe dans les verrouillages à sécurité positive (gâche à rupture) ou à sécurité négative (gâche à émission).
La serrure à pêne piston
La serrure à pêne piston constitue un dispositif de verrouillage fonctionnant à émission ou à rupture de courant. Elle s’installe généralement dans un ouvrant, remplaçant ainsi la serrure mécanique. Le pêne permettant le verrouillage prend sa place dans une gâche en vis-à-vis montée sur le dormant. Il existe des serrures à pêne piston avec cylindre et carré de Fouillot, afin de faciliter le montage d’une béquille. Dans tous les cas, l’ouverture de la porte s’effectue par la rétractation du pêne dans son logement, comme un pêne demi-tour.
La serrure à pêne piston peut être à émission ou à rupture, en 12 ou 24 V continus, avec contact de position de la porte. Pour une installation en applique sur des portes qui ne peuvent subir de modification de structure, il est nécessaire d’utiliser un kit de mise en saillie.
L’ouvre-porte électrique
Un ouvre-porte électrique permet le déplacement (ouverture et fermeture automatiques) d’une porte à un ou deux vantaux. Destinée à automatiser les accès et en particulier à assister les personnes à mobilité réduite, cette fonction peut s’installer rapidement, sur la base d’un bras à glissière ou à compas, selon les possibilités d’installation. Une alimentation secourue intégrée permet le fonctionnement en cas de panne de secteur. Pour faciliter la mise en service, un auto-apprentissage automatique est un atout pour ce type d’équipement. De plus, l’existence d’un contact sec donne la possibilité d’adjoindre un verrouillage électromagnétique ou électromécanique.
Serrure électrique sur une porte d’issue de secours
En étant conforme à la norme NFS 61-937, une serrure électrique peut faire office de dispositif actionné de sécurité (DAS), autorisant ainsi son installation sur une porte d’issue de secours, pour la verrouiller de l’intérieur et empêcher les passages non autorisés. Raccordée à un déclencheur manuel vert de proximité et à la détection incendie, cette serrure se déverrouille alors automatiquement en cas d’urgence afin de permettre l’évacuation sécurisée des personnes.
Les serrures domestiques électriques et autonomes
Réalité du marché, le concept de la maison connectée tente aujourd’hui de fédérer de nombreux équipements techniques de la maison. Il s’agit des fonctions traditionnelles jusqu’alors pilotées par des automatismes du rang de la domotique : chauffage, éclairage, volets roulants, alarmes anti-intrusion et alarmes techniques.
Au rang du verrouillage, la vraie évolution connectée concerne une nouvelle famille de serrures autonomes ne nécessitant même pas l’installation d’alimentation, grâce à une réserve d’énergie sur batterie. Installées sur des portes classiques en remplaçant juste le barillet standard, ces serrures électriques s’ouvrent grâce à un code, une empreinte digitale ou à une télécommande. Rappelons que, en cas d’usage de l’empreinte digitale dans un cadre professionnel, il est nécessaire de remplir un formulaire type à retourner à la Cnil. Pour ce qui concerne la partie mécanique et de résistance à l’effraction, ces serrures font référence aux mêmes tests que les serrures classiques.
Certaines de ces serrures sont réellement connectées et accessibles via un smartphone qui dispose des autorisations nécessaires. De fait, il est dans ce cas possible de déverrouiller temporairement à distance la porte pour en donner l’accès à une personne (un enfant qui rentre de l’école ou un prestataire de service). La souplesse du numérique rend possible de nouveaux usages, comme l’autorisation d’accès avec des codes temporaires ou sur des plages horaires fixes, voire la traçabilité des entrées et sorties, le tout couplé à l’alarme anti-intrusion.
Michel Laurent
