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 Solution technique - Avril 2017

N°91 - Système d’alarme domestique : l’embarras du choix


Du système filaire, qui a plus que fait ses preuves, aux objets connectés censés avoir un œil bienveillant sur notre habitat en passant par les alarmes radio ou la vidéosurveillance, l’installateur dispose d’un choix pléthorique de matériel. Analyse des différentes technologies pour vous aider à faire le bon choix.


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En France, il se produit un cambriolage toutes les 90 secondes. Il dure en général moins de vingt minutes et, lorsqu’un système d’alarme sonore se déclenche, 95 % des voleurs prennent la fuite dans les trois minutes qui suivent. Voilà quelques solides arguments à signaler à vos clients pour les inciter à s’équiper. Le marché de la sécurité est en plein essor : 2,5 milliards d’euros en 2016, soit 9 % de croissance1. La part des foyers équipés est estimée à seulement trois millions, autant dire le potentiel d’installations à réaliser.
La première préoccupation est de bien analyser les besoins du client en fonction de la valeur des biens à protéger et de la configuration des bâtiments.

Un principe universel
Un système d’alarme fonctionne très simplement : des détecteurs repèrent une anomalie (effraction ou tentative d’intrusion) qu’ils transmettent à la centrale. Celle-ci analyse les informations et déclenche l’alerte via différents périphériques sonores et visuels. Le système peut également signaler des événements sur un smartphone. Enfin, il peut être relié à un service de télésurveillance grâce à un transmetteur téléphonique. L’usager peut mettre en/hors fonction l’alarme à l’aide d’un clavier, une télécommande, son smartphone ou même, aujourd’hui, grâce à sa géolocalisation. Selon une distance paramétrable, le système s’activera lors de l’éloignement du propriétaire de la résidence à surveiller ou deviendra non opérationnel à son approche.

Avec ou sans fil
Les systèmes filaires, les premiers apparus sur le marché, sont d’une grande fiabilité et sont à privilégier dans le cas de maisons en construction ou en rénovation totale, du fait de l’intégration des câbles dans les murs. Autre avantage, ils sont alimentés directement par le secteur. Pas de piles ou d’accus à insérer dans les différents composants. La maintenance se réduit à seulement quelques batteries de secours qui seront sollicitées lors d’éventuelles coupures d’électricité et à remplacer périodiquement.
L’autre technologie utilisée est le sans-fil : tous les éléments composant le système sont reliés entre eux grâce à des transmissions radio. Décriée à ses débuts pour sa relative vulnérabilité et les fausses alarmes, elle est devenue aujourd’hui fiable (système auto protégé, inviolabilité des fréquences radio, retour d’information…) et facile à installer quelle que soit la configuration des lieux. En effet, plus de passages de fils dans les gaines ou de saignées à réaliser dans les murs. Elle préserve la décoration des intérieurs. Chaque composant est autonome et reste fonctionnel, même en cas de coupure, volontaire ou non, de l’énergie. Par ailleurs, des efforts ont été réalisés par les fabricants pour diminuer la consommation électrique des produits. Cela leur confère généralement jusqu’à trois à cinq ans d’autonomie, avec notamment des piles au lithium. Les systèmes d’alarme sans fil sont de loin les plus évolutifs et permettent une installation dans des endroits inaccessibles ou dépourvus d’une alimentation électrique.
Une des précautions à prendre lors de l’installation est de bien étudier la portée des ondes radio qui est de quelques centaines de mètres en ligne droite et en champ libre. En effet, les signaux peuvent être atténués lors du passage dans certains obstacles comme les murs ou autres matériaux.
Avec l’explosion des objets connectés qui participent également à la sécurité des biens et des personnes, le sans-fil tend à se généraliser.
Signalons enfin qu’il est possible de mettre en œuvre les deux technologies, avec ou sans fil, pour obtenir un système d’alarme hybride. Ce sera le cas d’un système filaire que l’on veut faire évoluer en y adjoignant des périphériques radio.

Des détecteurs de toutes sortes
Il existe deux grands types de détecteurs :
– les modèles périmétriques qui détectent tout franchissement de barrière de protection. Ce sont, par exemple, les contacteurs de portes ou de fenêtres. Ils sont indispensables quand on sait que dans la majorité des cas, les malfaiteurs ont forcé la porte d’entrée ou fracturé les fenêtres ;
– les modèles volumétriques qui repèrent toute présence d’intrus dans une pièce. Il s’agit des détecteurs de mouvements qui doivent être judicieusement installés aux endroits stratégiques. Plusieurs technologies sont utilisées et peuvent être combinées pour une plus grande fiabilité de détection. Les modèles à infrarouge discernent la chaleur émise par le corps humain. Quant aux capteurs à hyperfréquence, fonctionnant sur le principe de l’effet Doppler, ils mesurent un écart de fréquences et peuvent ainsi générer un signal confirmant une présence. En exploitant les avantages des deux technologies, on parle de capteurs bi-volumétriques qui se déclencheront uniquement si les deux facteurs de détection (infrarouge et hyperfréquence) sont simultanés.

Tout l’art d’une bonne installation résidera dans les emplacements adéquats de ces détecteurs dans les pièces à surveiller. En général, tous les réglages et précautions à prendre sont mentionnés par les fabricants dans leurs notices d’installation : sensibilité des cellules de détection, portée du faisceau, ajustement du lobe de surveillance… Il existe une profusion de modèles spécifiques comme ceux évitant les déclenchements d’alarme générés par les animaux domestiques.

L’alarme connectée
C’est un marché également en pleine expansion qui retient notre attention. Du fait de l’extrême facilité d’accès à ces systèmes : coût attractif, modularité, branchements réduits au strict minimum, configuration automatique, absence de programmation, création de scénarios, possibilité de couplage à d’autres systèmes de confort dans la maison comme la vidéosurveillance… le marché de l’autosurveillance par les particuliers a bondi de 15 % en 20161.

Cependant, c’est un marché que les professionnels ne doivent pas délaisser. On estime à trois millions le nombre de chantiers résidentiels et tertiaires à équiper en domotique d’ici à 2020 et la sécurité alarme a toute sa place dans un environnement connecté. La plupart des fabricants ont aujourd’hui à leur catalogue des systèmes d’alarme connectée. Chaque jour naissent de nouvelles fonctionnalités pilotables à distance avec l’impression parfois d’une surabondance de matériel, d’une sécurité qui semble à la fois mieux maîtrisée, mais qui peut aussi nous échapper lorsque les informations transitent par Internet et sont stockées dans le cloud.
Il convient de rester vigilant pour que l’alarme ne se noie pas dans le lot des composants d’une maison intelligente. La sécurité reste une fonction primordiale dans l’habitat à laquelle nous devons attacher la plus grande attention tant au niveau de l’étude que de la mise en œuvre.

Jean-Marc Loison

1 – Source : Atlas d’En Toute Sécurité

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