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 Dossier - Janvier-Février 2017

Musées : mettre en valeur en préservant les œuvres


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Exposition : la lumière,  gage de qualité

Un éclairage réussi doit répondre à la fois aux exigences de conservation des collections, à leur mise en valeur et au confort visuel du visiteur, tout en respectant l’architecture des lieux. Ces exigences sont souvent en opposition : les objets présentés doivent être convenablement éclairés pour permettre au visiteur de les examiner et de les apprécier sans gêne tout en lui assurant un confort visuel. L’éclairage doit aussi et surtout être conçu pour ne pas détériorer les objets exposés.
La mise en lumière des salles, qu’il s’agisse d’expositions permanentes ou temporaires, doit rester flexible afin de pouvoir s’adapter lors du renouvellement des collections, grâce, par exemple, à un système d’éclairage modulaire. C’est pourquoi la mise en place d’une infrastructure technique étudiée et adaptée aux besoins et aux spécificités de chaque salle est primordiale ; les études préliminaires doivent prendre en compte les contraintes techniques, architecturales et esthétiques ainsi que les différentes typologies d’œuvres à mettre en valeur (sculptures, dessins, tableaux, vitrines), car, une fois réalisée, l’installation d’éclairage est difficile à modifier. Mais attention, du choix de l’infrastructure (si rails électriques) dépendra le choix des luminaires.
Il existe une multitude de luminaires équipés de plusieurs types de lampe (halogène, iodures métalliques, fluorescence ou LED) qui présentent des caractéristiques techniques différentes répertoriées selon leur tension en volts (230 V ̶ 24 ou 12 V), leur puissance électrique en watts, leur flux lumineux en lumens, suivant la quantité de lumière souhaitée (intensité lumineuse en candela), la température de couleur en kelvins (c’est-à-dire blanc chaud, neutre ou froid), l’indice de rendu des couleurs (IRC), le contrôle de l’éblouissement (UGR), la durée de vie en heures, la courbe spectrale (UV et infrarouge), l’angle d’ouverture des faisceaux. C’est la combinaison de tous ces paramètres qui permettra de déterminer LE luminaire adapté afin d’obtenir la lumière souhaitée suivant les œuvres et les espaces proposés (accentuation ou d’ambiance).
De nombreux facteurs sont à prendre en compte lors d’une mise en lumière, des angles à considérer, des luminaires à bien utiliser, des normes de conservation à respecter…
Quel que soit le matériel choisi, une attention particulière sera portée au choix de la température de couleur et de l’indice de rendu des couleurs qui devra obligatoirement être supérieur à 90. Pour une bonne utilisation et assurer le confort du visiteur, ces luminaires devront également être équipés de cône basse luminance, de porte filtre, de volets quatre faces ou de grilles de défilement.
La lumière est un gage de qualité de l’exposition, et une attention particulière doit être portée au bon équilibre de la luminosité de l’ensemble de l’exposition, textes, cartels et écrans vidéo, afin d’offrir aux visiteurs un bon confort visuel.

Stéphanie Daniel, conceptrice lumière, agence Stéphanie Daniel

 


Musées : mettre en valeur en préservant les œuvres


Dans les musées, la lumière joue à la fois le rôle de faire-valoir et celui de guide visuel. Lorsqu’elle est bien adaptée aux textures, elle constitue un outil de conservation des objets. L’objectif est de bien mettre en valeur les œuvres éclairées tout en en soulignant les détails et en en restituant les couleurs d’origine. Les technologies disponibles aujourd’hui permettent d’offrir une bonne perception de des œuvres sans risque de détérioration.

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La norme d’éclairagisme NF EN 12464-1, qui donne les niveaux d’éclairement pour l’ensemble des applications tertiaires, n’indique aucune valeur en ce qui concerne les musées. Seules figurent la mention « L’éclairage est déterminé par les exigences de l’exposition. Une protection contre les rayonnements est de la plus haute importance » et deux catégories d’objets, « sensibles » et « insensibles » à la lumière. Mais la question n’est pas aussi simple que cela : il ne suffit pas de choisir de faibles niveaux d’éclairement pour éviter que les œuvres ne se détériorent. Il faut aussi tenir compte du temps d’exposition à la lumière et de leur sensibilité. L’Icom (Conseil international des musées) distingue plusieurs catégories d’objets selon leur sensibilité à la lumière. Les matériaux d’origine organique, par exemple, sont beaucoup plus sensibles aux effets photochimiques que ceux de nature minérale. Les objets qui contiennent des pigments, matières colorantes, teintures ou encres sont considérés comme particulièrement fragiles :
– les peintures, spécialement les aquarelles, car le rayonnement pénètre plus fortement leur mince couche colorée ;
– les textiles, par ordre de sensibilité décroissante, soie, jute, coton, laine ;
– les cuirs et peaux, les papiers dont la sensibilité dépend aussi de la colle employée comme apprêt ;
– les bois qui peuvent subir une déformation et une modification de la couleur, les cires, les vernis et les laques.
En revanche, les verres, émaux, céramiques, pierres, métaux et alliages s’altèrent beaucoup moins rapidement.
Par conséquent, afin de réduire au maximum les risques de dommages provoqués par l’éclairage, il faut agir sur la durée de ce dernier. C’est pourquoi il faut raisonner en termes d’« exposition lumineuse » et considérer à la fois le temps d’exposition et les niveaux d’éclairement. Il existe plusieurs procédés pour réduire la durée d’exposition : pour la lumière naturelle, en installant par exemple un rideau amovible, des stores et persiennes automatiques, et pour l’éclairage artificiel, en mettant en place des systèmes d’éclairage dynamiques avec programmation, disponibles aujourd’hui grâce aux LED et à l’électronique embarquée qui offrent de multiples possibilités pour la création de séquences lumineuses modifiables facilement en fonction des collections exposées.

em89 doss 2Des critères spatio-temporels
La complexité de la mise en lumière ne s’arrête pas là : il faut prendre en compte la diversité des œuvres, leur forme, leur volume, leurs dimensions, les apports de lumière naturelle et leur interaction avec l’éclairage artificiel, ainsi que, pour le choix des sources, l’indice de rendu des couleurs, les températures de couleur, les rayonnements ultraviolets.
Autant de paramètres qui seront définis au sein d’équipes pluridisciplinaires, avec des intervenants, tous légitimes dans leur argumentation : architectes, conservateurs, muséographes, concepteurs lumière doivent entretenir un dialogue permanent pour obtenir un consensus qui ne nuise en aucune façon aux œuvres ou à l’architecture, pas plus qu’au confort visuel des visiteurs.
em89 doss 3Il faut aussi compter avec la multiplicité des espaces considérés. De manière générale, les entrées et halls d’accueil, où se trouvent les billetteries et les informations sur le musée, sont traités comme des zones intermédiaires ou de transition qui doivent permettre à l’œil de s’adapter aux plus faibles niveaux d’éclairement des salles d’exposition. Si l’on considère que la lumière du jour est à environ 10 000 lux, il est conseillé de rester en dessous de 1 000 lux dans les halls d’entrée. Mais attention, la nuit, les extrêmes sont inversés : on passe de 30 lux à l’extérieur à 200 ou 300 lux pour les circulations, il faut donc prévoir la possibilité de baisser le niveau d’éclairement le soir.
em89 doss 4L’offre luminaires reste large et la LED a permis le développement de luminaires miniaturisés et discrets qui permettent de privilégier l’effet lumineux et de faire oublier l’appareil. Aujourd’hui, la LED a atteint un certain niveau de maturité. Pour obtenir cette qualité de lumière, les fabricants ont dû améliorer l’homogénéité des blancs en fonction des températures de couleur et l’indice de rendu des couleurs a atteint 90. Les optiques ont, en parallèle, connu des développements qui optimisent les caractéristiques de la LED. Ainsi, les laboratoires d’Erco mettent-ils au point des optiques à LED qui permettent de tirer parti de cette lumière projetée par rapport à la lumière réfléchie. En particulier pour la lumière d’accentuation et l’éclairage vertical, la technique brevetée des lentilles Spherolit se révèle une solution adéquate pour produire efficacement une multitude de faisceaux, classiques ou nouveaux.
Certes, l’offre fabricant se focalise sur les appareils à LED pour des raisons de durée de vie des produits (en moyenne 50 000 heures), d’efficacité lumineuse, de multiples possibilités de faire varier de façon automatique les températures de couleurs ou l’intensité, mais les lampes aux iodures métalliques et les halogènes les moins énergivores ont encore un rôle à jouer.

em89 doss 5Compacité et flexibilité
Même dans les espaces étroits, il est possible d’éclairer les zones de manière différenciée sans se heurter à la difficulté de montage des luminaires. Montés sur des rails lumière Erco, les projecteurs Opton (1) miniaturisés offrent une infrastructure universelle pour un éclairage flexible. Conçus pour être plats et compacts, ils sont également équipés de lentilles Spherolit permettant d’envisager toutes les répartitions de lumière indispensables à un concept d’éclairage différencié : Wallwash pour les étagères de livres, Spot pour les vitrines, Oval flood pour les présentoirs et Wide flood pour l’éclairage d’ambiance. Les dimensions équivalentes du système optique et du boîtier du driver donnent une apparence compacte et cohérente de cet appareil lorsqu’il est dirigé vers le bas, comme un downlight. La possibilité de régler la luminosité avec un potentiomètre intégré ou avec un gradateur externe en commande fin de phase offre une marge de manœuvre supplémentaire. Sa version miniaturisée est disponible en 3 000 K (blanc chaud) ou en 4 000 K (blanc neutre), dans toutes les répartitions photométriques : Narrow spot, Spot, Flood et Wide flood, ainsi qu’Oval flood et Wallwash. Les drivers sont, au choix, commutables ou gradables (via un potentiomètre ou par découpe de phase), et existent aussi en version Dali.
em89 doss 6La marque Concord, de Feilo Sylvania, accélère le renouvellement et l’extension de sa gamme Beacon dédiée à l’éclairage des musées depuis plusieurs générations de produits. Afin de répondre au mieux aux demandes et besoins des conservateurs et des concepteurs lumière, elle lance sur le marché le modèle Beacon XL (2), qui offre un flux lumineux jusqu’à 3 912 lm, soit une efficacité de 119 lm/W, une durée de vie de 72 000 heures (L80B10) et existe en deux températures de couleurs, 3 000 K et 4 000 K. « Nous avons défini une version Accent 97, explique Johanna Balabane Dugas, chef produits Feilo Sylvania, qui propose un indice de rendu des couleurs de 97 (R9) et se décline en trois angles de faisceau : Intense Narrow (14°), Medium (33°) et Wide (44°). Grâce à son potentiomètre intégré, chaque appareil est gradable individuellement et permet, selon la fragilité des œuvres, de faire varier les niveaux d’éclairement de 50 à 300 lux ». Par ailleurs, la gamme s’accompagne d’un large choix d’accessoires dédiés : filtre nid d’abeille, visières, lentille d’élongation volets coupe-flux.

em89 doss 7Un rendu des couleurs supérieur à 90
Chez Ledvance, Spot (3) a été conçu pour l’éclairage d’accentuation et remplace avantageusement les spots halogènes de 35 W, 50 W, 75 W, permettant de réaliser des économies allant jusqu’à 90 %. La gamme comprend six luminaires et se décline dans cinq puissances, 4 W, 5 W, 6,5 W, 7 W et 8 W, et en deux températures de couleur, 3 000 K ou 4 000 K (IRC jusqu’à 90), avec des flux lumineux jusqu’à 720 lm et une efficacité lumineuse qui atteint 90 lm/W (plage de températures -20 °C à +45 °C). Ils conviennent pour des diamètres de découpe de 63, 68 ou 83 mm et une épaisseur du faux plafond de 3 à 20 mm. L’installation est simple et rapide. Ces spots ont un corps en aluminium et un diffuseur en PMMA de haute qualité et bénéficient d’une garantie de trois ans.
Holight, de son côté, propose Astérion (4), un projecteur compact d’accentuation à LED COB gradable individuellement par potentiomètre intégré qui peut s’orienter à 350° en azimut et ±70° en site. « Il se décline en quatre modèles, précise Éric Greven, responsable commercial, 2 224 lm et 1 900 lm en 3 000 K, et 2 445 lm et 2 000 lm en 4 000 K. » L’indice de rendu des couleurs peut atteindre 90 pour certaines versions et une température de couleur de 2 700 K est proposée en option. « Il est équipé d’un potentiomètre de réglage de flux qui permet d’obtenir l’intensité souhaitée au moment de l’installation », ajoute Éric Greven. Trois faisceaux sont disponibles, Spot (17°), Médium (24°), Flood (40°), et le projecteur peut se doter d’un cylindre rétractable ou d’un volet coupe-flux.
Orientable et inclinable, Vision 2.0, de Disano (5), peut s’équiper de tout type de source. En LED, il offre deux flux lumineux différents (version L big Long) pour une température de couleur de 3 000 K et un IRC de 92. Il présente un choix de trois ouvertures de faisceaux, 24°, 37° et 78°, et se décline en trois coloris : blanc, noir et argent.


em89 doss 8Souligner et accentuer
Signé iGuzzini et Arup, le projecteur View (6) en aluminium, compact, au design fluide et épuré, interprète la valeur de la simplicité et l’élégance linéaire. Avec un corps en aluminium moulé sous pression, il est conçu pour utiliser la technologie Opti linear avec un réflecteur en aluminium extra-pur anodisé pour éclairer les surfaces verticales avec une excellente uniformité, avec des optiques wide flood et wall washer. La distribution Wide-flood présente un cône d’ouverture de 50° ; celle du Wall Washer est obtenue grâce à un écran supplémentaire qui dirige la lumière exactement aux bords supérieurs et inférieurs du mur pour un éclairement vertical total et uniforme. Disponible en deux tailles, le View propose, en plus de la version spot, également des appliques à émission vers le haut pour une lumière indirecte confortable. Très flexible en matière d’orientation, ce dispositif, installé sur un rail triphasé dans la version suspendue et au plafond sur une embase spéciale, permet des rotations de 360° par rapport à l’axe vertical et de 90° par rapport au plan horizontal, avec des verrouillages mécaniques de la focale pour garder la position exacte du projecteur, ce qui facilite les opérations. De plus, le variateur est installé directement sur l’adaptateur. View se décline en 1 300 lm et 1 500 lm, 3 000 K et 4 000 K et en deux IRC : 80 et 90.
em89 doss 9Le nouveau luminaire encastré LED Zeki, de Megaman (7), offre une multitude de combinaisons de faisceaux, de températures de couleur, d’optiques et de puissances qui apportent une nouvelle flexibilité dans la conception d’éclairage des musées et galeries d’art. Avec ses trois supports distincts comprenant une, deux ou trois têtes, le luminaire permet un éclairage multidirectionnel performant et entièrement modulable. Disponible en diamètre 50 mm, 111 mm et en trois couleurs, il fonctionne avec les modules LED Tecoh THx de Megaman qui remplacent les réflecteurs halogènes AR111 50 W et 100 W, MR16 50 W et PAR 16. Il est disponible avec l’option Dim to Warm, qui délivre une lumière plus chaude à mesure que l’intensité lumineuse diminue. Avec l’option Ingenium BLU et son application, il devient connecté et opérationnel au moyen d’un smartphone ou d’une tablette afin de varier l’intensité lumineuse (de 100 % à 5 %), de programmer et contrôler l’éclairage simultané de plusieurs luminaires et lampes LED.
Targetti mise également sur la LED avec ce projecteur professionnel orientable au nom prédestiné Ledo (8). Il comprend une optique de précision à facettes convexes en polycarbonate métallisé, disponible dans les versions Spot, Flood, Medium Wide flood et Wide flood. Le corps optique est orientable de 0 à 90° sur le plan vertical et de 355° sur le plan horizontal, avec double blocage de l’orientation à emboîtement. Il peut s’équiper de différents accessoires filtres, zoom, grille anti-éblouissement, afin de s’adapter aux besoins spécifiques d’éclairage.
Pour l’éclairage d’accentuation, Osram Lighting propose le spot Lunis 2 Track (9). Ce spot peut se monter sur des rails. Il possède un rendement élevé (jusqu’à 105 lm/W) et un IRC supérieur à 90. La chaleur est dissipée par des ailettes de refroidissement au lieu d’un système de refroidissement à eau ou à ventilateur. Lunis 2 sera d’abord disponible avec un éclairage blanc chaud (3 000 K) ou blanc neutre (4 000 K), ainsi qu’en version à température de couleur modulable.

Isabelle Arnaud


En savoir plus (liens Internet) :

Erco.
Feilo Sylvania.
Ledvance.
Holight.
Disano.
iGuzzini.
Megaman.
Targetti.
Osram Lighting.

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