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 Solution technique - Juin-Juillet 2015

Mise en valeur du bâti


De monuments remarquables à la petite église de village, en passant par les façades d’immeubles urbains, les communes aiment à souligner leur patrimoine bâti. Éclairages dynamiques, changements de couleur, accentuation de détails architecturaux sont autant d’effets qui sont contrôlés par des systèmes optiques de plus en plus précis dans des luminaires compacts aux formes variées.

em77 ST1Aujourd’hui, après les mises en lumière à outrance de certaines villes et l’extinction pure et simple de l’éclairage public pour des raisons économiques, les communes font la part des choses. Éclairer mieux ou « Éclairer juste », comme le préconise la brochure publiée par le Syndicat de l’éclairage, l’Ademe et l’Association française de l’éclairage, devient un must en évitant les nuisances lumineuses. De plus, les luminaires doivent présenter une bonne résistance mécanique, une sécurité électrique optimale et offrir un niveau maximum d’Ulor (Upward Light Output Ratio, c’est-à-dire flux lumineux émis vers l’hémisphère supérieur) de 35 %.
Par ailleurs, à l’heure du développement durable et des économies d’énergie, il est essentiel de mesurer l’impact financier d’une mise en lumière en raisonnant en coût global : consommation, durée de vie du matériel, maintenance conditionneront les choix des produits à mettre en œuvre.

Mises en lumière : un mal nécessaire ou un bien superflu ?
La réponse se trouve entre les deux. Les défenseurs de l’environnement préconisent de tout éteindre afin de ne pas nuire à la faune et la flore tandis que les fabricants entendent bien continuer à éclairer les édifices prestigieux, les monuments classés ou les petites églises de village. Pourtant, n’a-t-on pas tout éclairé déjà ? Roger Narboni, concepteur lumière de l’agence Concepto, prône un plan de sauvegarde de l’obscurité, ni noir absolu ni extinction de l’éclairage, et propose de mutualiser les zones d’obscurité. L’idée repose sur le principe d’un éclairage « choisi », autrement dit, que souhaite-t-on éclairer ? Pour avoir souvent travaillé sur les quartiers d’habitat collectif, le concepteur lumière sait combien il est important d’identifier les besoins et les usages nocturnes dans les zones résidentielles, pour ne pas les pénaliser. « Au contraire, précise-t-il, il faut continuer à travailler et à revaloriser l’éclairage de ces centralités. En 2011, en débutant le schéma directeur d’aménagement lumière de Rennes, nous étions face à des élus très volontaristes sur ces questions de l’extinction et de l’obscurité. En proposant une trame noire, qui s’appuie sur les trames vertes (végétal) et bleues (aquatique) de l’agglomération rennaise, nous avons délimité des espaces à conserver dans l’obscurité, d’autres où l’obscurité serait différente selon les temporalités de la nuit, et mis en place des espaces de mutualisation de l’obscurité, sans pour autant contrecarrer les activités humaines et les espaces résidentiels. »

em77 ST2Nuisances lumineuses
Les astronomes ont été les premiers à se plaindre des gênes occasionnées par l’éclairage extérieur lors de l’observation du ciel la nuit, puis les écologues ont remarqué l’influence de la lumière sur la vie de la faune et la flore. La Commission internationale de l’éclairage (CIE), dans la publication n°126, a souligné l’exigence de réduction du halo dû à l’émission de lumière à travers la pollution gazeuse et les aérosols qui sont présents dans l’atmosphère près des sites urbains.
Le « halo » est constitué d’une part du halo naturel dû au rayonnement des sources célestes et à la luminescence de l’atmosphère supérieure, et d’autre part, du halo artificiel des installations d’éclairage. Celui-ci est créé par le rayonnement direct vers le ciel des lampes et des luminaires (lumière débordante) et du rayonnement dû à la lumière réfléchie par les surfaces éclairées et leurs abords.
Le terme « lumière indésirable » décrit un certain nombre de phénomènes gênants qui peuvent nous empêcher de percevoir certaines choses ou être à l’origine d’inconfort visuel, soit parce que nous recevons de la lumière là où nous ne souhaitons pas en avoir (lumière intrusive), soit parce que nous percevons une source de lumière indésirable dans notre champ de vision (éblouissement).
Les principaux facteurs de lumière indésirable étant objectivement identifiés, des mesures concrètes peuvent être prises pour minimiser leurs effets, y compris le choix judicieux du matériel d’éclairage et des systèmes propres à contrôler le flux lumineux.

em77 ST3Flexibilité et performance
Les technologies, en particulier celle des sources, se développent en même temps que les mises en lumière se multiplient. Désormais, le coût d’investissement peut être compensé par les réductions de consommation et de maintenance réalisées sur la durée de vie de l’installation. Si les lampes à décharge (sodium haute pression, aux iodures métalliques) ont vu leur efficacité lumineuse s’améliorer, tout en offrant un plus grand choix de tonalités de lumière (température de couleur), les LED connaissent, quant à elles, une progression constante en matière d’efficacité lumineuse et d’indice de rendu des couleurs et présentent en moyenne une longévité de 50 000 heures avec possibilité de changement de couleur.
Les appareils d’éclairage, avec des techniques sans cesse optimisées – optiques, intensité lumineuse, rendement, distribution de la lumière – associées à des designs discrets et des systèmes de variation, offrent de multiples possibilités d’applications. Les luminaires sont installés soit sur les candélabres existants pour les projecteurs de petites dimensions, soit sur les toits des immeubles avoisinants ou sur des supports en façade ; des encastrés de sol peuvent être disposés de façon à procurer une lumière rasante sur les façades.
Le choix et la position des projecteurs doivent être étudiés en fonction du bâtiment :
– les projecteurs sont positionnés de façon suffisamment éloignée pour éviter les ombres excessives. Il peut être nécessaire de rajouter des projecteurs sur le bâtiment si le recul n’est pas suffisant ;
– les balcons, les toits en retrait des façades restent dans l’ombre dans le cas où les projecteurs  sont très près de la façade.
Il est conseillé d’utiliser des projecteurs extensifs pour les bâtiments de faible hauteur ; pour les bâtiments de grande hauteur, supérieure à 25 mètres, il est préconisé de mettre en œuvre des projecteurs intensifs ou semi-intensifs.

 

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Isabelle Arnaud

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