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 Solution technique - Mai 2015

La domotique au cœur de la transformation du logement


Il y a fort à parier que dans une décennie la plupart des automatismes aujourd’hui qualifiés de « domotiques » seront inclus dans l’installation électrique basique d’un logement. Ces fonctions intelligentes se trouvent actuellement à la croisée des évolutions qui touchent l’habitat. Si le marché n’est pas au plus fort de sa dynamique, le professionnel de l’électricité ne peut toutefois ignorer plus longtemps la technique ni les enjeux de la domotique ou plutôt, du logement connecté.

 

em76 ST 1ptDepuis plus de vingt ans, l’automatisation du logement se trouve attachée au mot « domotique ». De faux décollages du marché en échecs commerciaux, les fabricants ont boudé ce terme jusqu’alors sans trop en trouver d’autres pour le remplacer. Mais les lignes bougent : challenge énergétique du logement et en rénovation, arrivée prochaine du nouveau compteur Linky, arrivée programmée des objets connectés, pilotage à l’aide du smartphone… Finalement, c’est toute l’installation électrique qui évolue (doucement) autour d’un noyau intelligent. Il semble que la « domotique » d’hier soit en train de s’effacer pour laisser place à des solutions de gestion, au service du confort, de la sécurité, de l’accessibilité et de la performance énergétique. Parlons alors de maison ou de logement connecté. Aux objets et aux équipements locaux, mais aussi à des problématiques bien concrètes et inscrites dans une ligne de progrès sociétale, telles que la réduction des consommations d’énergie.

Autoconsommation : besoin d’un gestionnaire
Ce n’est encore aujourd’hui qu’un marché embryonnaire, mais l’autoconsommation de l’électricité produite localement (moins de 1 000 W crête), commence à susciter l’intérêt des particuliers. Il s’agit donc de mettre en phase la production d’électricité, tributaire de l’ensoleillement, avec les différentes charges consommatrices. Lancer le programme d’un lave-linge ou d’un lave-vaisselle, recharger des batteries, comme celles d’un vélo ou d’une voiture électrique... L’électricien doit être attentif à l’évolution de ce marché, car il est le seul à avoir la connaissance du terrain. Il pourra ainsi ajuster et dimensionner l’installation photovoltaïque aux besoins réels de son client, tout en adaptant la stratégie de valorisation de cette énergie grâce à un gestionnaire local.

 


Six attitudes positives pour démarrer l’activité « domotique »

1) Se former à la technique et ne pas oublier de s’exercer à l’approche commerciale. Il existe des solutions domotiques à installer « sans formation », mais il s’agit d’une première approche. L’installateur souhaitant aller plus loin en terme de valeur ajoutée sera vite attiré par des techniques de mise en œuvre, certes un peu plus ardues, mais offrant plus de possibilités pour répondre précisément aux attentes du client. À ce stade, la formation s’impose. Mais la démarche doit aller au-delà de l’aspect technique, en abordant le volet commercial.

2) Faire de son propre logement ou de ses bureaux sa première expérience. Pour être crédible aux yeux de ses clients, rien de plus simple que de dévoiler sa propre installation. Cela prouve que le professionnel s’est déjà confronté à la problématique. Au fil des ans, cette installation personnelle pourra évoluer avec l’offre du/des fabricant(s). C’est aussi une façon de faire concrètement de la veille technologique, et de voir ce qui est envisageable ou non avec ses clients.

3) Développer et garder un savoir-faire mariant électricité générale et domotique. Cet enjeu est lié à l’arrivée depuis peu sur le marché d’offres de domotique disponibles en GSB. Le déploiement de solutions sans câblage et utilisant uniquement la communication radio permet en théorie à tout particulier de réaliser sa propre installation. Face à cela, les professionnels doivent réagir en apportant, en plus de leurs compétences en domotique, la connaissance de la norme et rester attentif à la sécurité électrique dans l’habitat.
4) Maîtriser l’offre de plusieurs fournisseurs afin de couvrir l’ensemble des besoins. Entre un système domotique d’entrée de gamme entièrement géré par des liaisons radio et un système câblé permettant de réaliser de multiples scénarios entre les commandes d’éclairage, d’ouverture de portail, d’alarme, de gestion du home cinéma et de chauffage, il y a un gouffre. Connaître et maîtriser deux ou trois systèmes proposés par un ou deux fabricants permet de faire des offres étagées à ses clients et de couvrir de plus larges besoins.

5) S’appuyer sur un intégrateur et développer un réseau multi-lots « domotique ». Nul besoin d’un intégrateur pour réaliser un va-et-vient par transmission radio ou développer une installation basique. En revanche, lorsque la domotique couvre l’ensemble des fonctionnalités d’une villa et fait intervenir des scénarios, il semble évident de s’allier à celui qui comprend parfaitement les besoins et les transcrit en paramétrage et/ou programme. Travailler avec un intégrateur crée une synergie dans l’apport des affaires.

6) Faire le lien entre domotique et confort numérique. Car l’approche numérique totale va au-delà de l’installation du coffret de communication et des prises de communication. L’évolution des équipements high-tech tels que la télévision numérique, sur Internet, câblée et satellite, la téléphonie sur IP… demande le développement de connaissances supplémentaires du domaine de l’informatique.


 

Opter pour l’ouverture
Une installation de domotique figée est une installation vouée à devenir rapidement obsolète. Il est donc important de préconiser un concept utilisant un protocole ouvert et universel. Pour être encore attractifs, les bus propriétaires doivent s’entourer de passerelles permettant de faire facilement le lien vers des solutions interopérables. Dans le monde du bâtiment, Ethernet devient un standard, déjà adopté par le monde des automatismes industriels depuis une dizaine d’années.

em76 ST 2ptDes projets fleurissent dans le collectif
Certains promoteurs ont compris que le logement intelligent pouvait répondre aux attentes de leurs clients. C’est ainsi que, depuis deux à trois ans, des immeubles sont conçus dès l’origine pour intégrer des solutions de pilotage intelligent et de report d’informations. Le projet étant collectif, il permet d’optimiser les coûts de déploiement de l’intelligence dans le bâtiment, par exemple en incluant un serveur de données unique pour l’ensemble l’immeuble. Autre point intéressant : la collecte et la mise à disposition des informations. Le fait d’installer des capteurs et des systèmes de comptage instrumentés simplifie la répartition des charges, la maintenance et l’information des copropriétaires et locataires. Souvent organisée autour du comptage et de quelques fonctions de base automatisées, la domotique collective donne aussi la possibilité à chaque occupant de souscrire à des options complémentaires, voire d’étendre le concept par la suite en fonction de l’évolution des besoins.

Michel Laurent

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