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 Dossier - Mars 2014

Éclairage de sécurité : design et technologies en pleine mutation


Luc Sersiron, président du comité Métier éclairage de sécurité, IGNESEdito

« Éclairage de sécurité : l’assurance d’une évacuation sûre des bâtiments »

Le marché de l’éclairage de sécurité a été dominé, ces dernières années, par deux éléments moteurs : d’une part, la LED avec tout ce qu’elle a pu apporter en termes d’innovation, et d’autre part, la loi sur l’accessibilité des personnes à mobilité réduite et ses conséquences sur la sécurité dans les établissements recevant du public (ERP), des travailleurs (ERT) et également dans l’habitat collectif.
Selon une étude réalisée par LightingEurope, entre 30 et 60 %, selon les pays, du parc installé des luminaires d’éclairage de sécurité seraient en mauvais état ou hors service. Trois types de dysfonctionnement peuvent être à l’origine des pannes : le mauvais état de la batterie dû à son vieillissement, des sources lumineuses en fin de vie qui ne s’allument pas lors d’une coupure secteur ou encore l’encrassement des appareils qui nuit à la bonne visibilité des signaux d’évacuation. Et si la France ne compte pas parmi les plus mauvais élèves, il n’en reste pas moins essentiel d’intervenir et d’énoncer les règles essentielles concernant une maintenance périodique des matériels, conformément aux textes en vigueur, afin de permettre une évacuation sûre et sans panique des bâtiments, ainsi que l’intervention rapide des secours.
Dans ce contexte, IGNES lance cette année une campagne axée sur la maintenance afin de sensibiliser les chefs d’établissement et gestionnaires sur leur responsabilité en ce qui concerne le bon fonctionnement de leur parc de blocs d’éclairage de sécurité. Nous avons associé à cette démarche plusieurs fédérations d’exploitants d’ERP (hôtels, restaurants, magasins, etc.), ainsi que nos partenaires de la filière électrique(1).
Cette campagne nous permettra d’accompagner les gestionnaires dans la mise en conformité de leur installation et de les aider à réduire leurs coûts d’exploitation en utilisant les technologies de dernière génération. Par exemple, le remplacement de 100 blocs équipés de lampes incandescentes ou fluorescentes par des blocs 100 % LED permet de passer d’une consommation moyenne de 5 à 6 W à 1 W. L’économie est de 440 € par an, auxquels on peut ajouter entre 500 et 800 € sur les opérations de vérification et de maintenance apportées par la technologie Sati (système automatique de test intégré) qui contrôle automatiquement l’état des blocs. Pour aller plus loin, les fabricants ont développé des systèmes adressables : la gestion centralisée de l’installation détermine alors la position du luminaire défectueux et la nature de la panne tout en permettant de superviser facilement l’installation via Internet depuis une interface adaptée (poste de travail, écran de GTB, tablette, Smartphone, etc.).
Par cette démarche, le métier éclairage de sécurité d’IGNES démontre son attachement au respect des normes, sa capacité d’innovation technologique et d’éco-conception afin d’aider les exploitants à relever les défis énergétiques et environnementaux des bâtiments, en conformité avec les textes en vigueur. En étroite concertation avec l’Afnor et les acteurs du monde du handicap et de la sécurité, les industriels d’IGNES anticipent enfin les attentes sociétales en proposant des solutions fiables et dédiées à l’évacuation des personnes en situation de handicap en cas de nécessité.


Luc Sersiron, président du comité Métier éclairage de sécurité, IGNES
(1) Capeb, Fedelec, FFIE, FFMI, FGME, LCIE, Récylum, Serce, SVDI et le soutien de Promotelec.

 


Éclairage de sécurité : design et technologies en pleine mutation


L’éclairage de sécurité joue un rôle vital dans les bâtiments en cas de défaillance de l’alimentation de l’éclairage dit « normal » ou en cas de sinistre nécessitant l’évacuation des personnes vers l’extérieur. Les produits (BAES ou LSC) ont connu d’importantes modifications ces dernières années, notamment avec l’arrivée des LED, et les « boîtes à chaussures » ont désormais fait place à des appareils au design compact et discret, offrant une technologie au service de l’exploitant.

 

em66 doss-1Lorsque l’éclairage normal est défaillant, l’éclairage de sécurité doit permettre l’évacuation sûre et facile des occupants vers l’extérieur ou vers des zones d’attente sécurisées pour les personnes à mobilité réduite, ainsi que l’intervention des secours et de mener les opérations concernant la sécurité.
L’éclairage de sécurité a deux fonctions essentielles :
- l’éclairage d’évacuation qui assure le signalement des cheminements, des sorties, des obstacles et les indications de balisage et de changement de direction ;
- l’éclairage d’ambiance ou d’anti-panique qui, allumé en cas de disparition de l’éclairage normal, réduit le risque de panique.
Les locaux et dégagements accessibles au public ont l’obligation (voir encadré Réglementation) d’être équipés d’un éclairage de sécurité, d’un bloc autonome d’éclairage de sécurité (BAES) ou d’un luminaire pour source centrale (LSC).
La marque de qualité NF AEAS (appareils électriques autonomes de sécurité) donne l’assurance d’utiliser des produits sûrs et fiables et atteste leur conformité aux exigences des normes et de la réglementation française. Les offres d’éclairage de sécurité certifiées NF Environnement garantissent, quant à elles, le meilleur choix de solutions en matière de performances énergétique et environnementale, sources d’économies d’énergie et de maintenance, à faible impact.
Les textes réglementaires et les normes ont longtemps confiné l’éclairage de sécurité dans un rôle ingrat, perçu comme un « mal nécessaire », mais la LED a mis fin à ces idées reçues et l’offre s’est diversifiée en présentant des designs renouvelés et des technologies sans cesse améliorées.

Une esthétique revisitée
em66 doss-3Il y a quelques années, personne n’aurait imaginé parler de design à propos d’éclairage de sécurité. Pire, les BAES étaient vus comme des « boîtes à chaussures », voire des « verrues » qui entachaient les architectures intérieures. « Aujourd’hui, le design est au rendez-vous, souligne Alfred Béhar, gérant de Béhar Sécurité, nous pouvons désormais répondre aux attentes des prescripteurs, architectes, décorateurs, en offrant un éclairage de sécurité discret, aux formes nouvelles, avec des concepts originaux tels que l’éclairage par la tranche, les cylindres, les triangulaires, etc. Notre programme Prestige est essentiellement orienté vers cette notion d’intégration aux projets architecturaux les plus nobles. »
Etap Lighting argue aussi du fait que l’éclairage de sécurité peut être esthétique. Gert de Vos, directeur marketing, cite la gamme K9, « dont la conception minimaliste, l’exécution compacte et la finition de grande qualité garantissent l’adaptation parfaite des luminaires de signalisation et d’éclairage dans chaque environnement ». Toutes les soudures sont dissimulées, aucune vis n’est visible et la LED d’indication d’autocontrôle est un simple petit point sur le caisson. Les luminaires à encastrer sont reliés sans soudure à la ligne architecturale du plafond. La lentille derrière laquelle est dissimulée la LED, encastrée dans le luminaire, est quasi invisible à distance et les lignes pures du luminaire restent intactes.
Charles Cauche, responsable marketing offres EcoBusiness, Schneider Electric, constate quant à lui que « la RT 2012 a incité à développer des produits à haute efficacité énergétique et l’arrivée de la LED a contribué à la création d’un nouveau dynamisme tant en matière de performance énergétique que de miniaturisation. Nous proposons ainsi des gammes au design innovant, notamment Pyros, aux volumes plus compacts, aux lignes plus fines, qui s’intègrent mieux aux architectures intérieures ».
em66 doss-4Avec la gamme Brio Eco de forme extra-plate, Kaufel met également en avant le design. « La LED a donné la possibilité de travailler le bloc dans ses dimensions et a permis de se libérer des volumes contraignants », explique Frédéric Torres, directeur commercial. Le souci du détail esthétique a même été poussé au point de proposer différentes couleurs de kit de suspension dans certaines gammes, comme Elitt.
Chez Ura, la gamme Practice Évolution offre aux architectes, bureaux d’étude et exploitants un large choix pour les bâtiments où le design est primordial. Les nouveaux blocs se caractérisent par un porte-pictogramme, dont les dimensions sont ajustées à celle de l’enjoliveur, et par un pictogramme sérigraphié pour une meilleure visibilité. En plus du blanc, quatre enjoliveurs de couleur sont disponibles : gris anthracite, gris acier, cuivre et gris argent. Sur demande, l’enjoliveur est personnalisable selon les codes couleur du client. L’installation peut être complétée par des plaques signalétiques conçues selon le même design que les BAES Practice Évolution.
Pour Fabrice Morton, responsable marketing Legrand, « la LED est au cœur de l’évolution des nouveaux designs, mais aussi à l’origine de l’éco-conception de tous nos produits, 100 % recyclables. »

 


Réglementation  par type d’établissement

em66 doss-2Les responsables d’établissements doivent s’assurer que les BAES et LSC sont bien vérifiés et entretenus périodiquement selon la réglementation en vigueur.

• Établissements recevant du public ̶ ERP
Un éclairage de sécurité (éclairage d’évacuation et éclairage d’ambiance) est prévu dans tous les ERP. Les articles EC 11 à EC 14 de l’arrêté du 11 décembre 2009 précisent les exigences de conception, d’installation, de maintenance et d’exploitation. La durée assignée de fonctionnement est d’une heure au moins (article EC 7). Pour la mise en accessibilité des ERP, un référentiel de bonnes pratiques sur l’évacuation des personnes en situation de handicap a été publié par l’Afnor en janvier 2012 (BP P96-101) préconisant des solutions pratiques.
• Établissements soumis au Code du travail ̶ ERT
L’arrêté du 14 décembre 2011 spécifie que l’éclairage d’évacuation est obligatoire pour les établissements d’un effectif supérieur à 20 personnes ou dans chaque local où les personnes se trouvent à plus de 30 mètres d’une issue permettant d’accéder à un dégagement commun ou si le local ne débouche pas de plain-pied sur un dégagement commun équipé d’un éclairage d’évacuation, ou à l’extérieur.
• Bâtiments d’habitation
L’arrêté du 31 janvier 1986 définit les prescriptions dans :
- les escaliers protégés, y compris les logements-foyers : pour les bâtiments de la troisième famille B, il est constitué soit par une dérivation issue directement du tableau principal (sans traverser les sous-sols) et sélectivement protégée, soit par des BAES de type non permanent. Pour les habitations de la quatrième famille, l’installation de BAES est obligatoire. L’autonomie requise est de cinq heures ;
- les parcs de stationnement couverts (entre 100 et 6 000 m²) : il est constitué par des couples de foyers lumineux, l’un en partie haute, l’autre en partie basse (au plus à 0,50 m du sol) ; l’autonomie requise est d’une heure.


 

La LED, vecteur de développement… durable
em66 doss-5La LED a en effet bouleversé les habitudes. Plus petite que les lampes incandescentes ou les tubes fluorescents, elle a permis de développer des batteries plus compactes et au final des appareils discrets grâce auxquels il est possible, enfin, de lier l’utile (l’obligatoire) à l’agréable, tout en s’inscrivant dans une démarche respectueuse de l’environnement. « Toute la profession s’est mobilisée pour valoriser les appareils d’éclairage de sécurité et nombreux sont ceux qui portent la marque NF Environnement, comme notre gamme Planète », explique Claude Boyer, directeur marketing Luminox (marque du groupe Eaton). Créée en 1991, la marque NF Environnement, délivrée par Afnor certification, est une marque volontaire de certification de produits et services qui a pour objet d’attester leur conformité aux exigences définies dans des cahiers des charges (ou référentiels) et qui porte sur la qualité d’usage et la qualité environnementale des produits.
De plus, pour mesurer et attester leurs efforts en éco-conception, les fabricants s’engagent, avec le soutien des autorités, à éco-labelliser leurs produits et à publier des profils environnementaux produits (PEP) qui renseignent, selon un référentiel normalisé, sur l’ensemble des impacts environnementaux des équipements, tout au long de leur cycle de vie.
Utilisant moins de matériaux (les produits sont de 30 à 40 % plus petits par rapport à une dizaine d’années auparavant), recyclable et aussi moins énergivore – d’environ 6 W, les blocs sont passés à 0,6 W en moyenne –, la LED a ouvert de nouveaux développements, non seulement en matière d’éco-conception, mais aussi de technologies pour le contrôle de l’installation. Luc Sersiron, président du comité Métier éclairage de sécurité d’IGNES, rappelle que « la vérification et la maintenance périodiques de l’installation d’éclairage de sécurité sont strictement encadrées par la réglementation qui impose un contrôle rigoureux et un suivi administratif, selon une périodicité définie par type d’établissement ».
Chez Kaufel par exemple, Primo+, 100 % LED, certifiée NF Environnement, s’est enrichie de quatre nouveaux produits : blocs Évacuation et Habitation, qui se déclinent chacun en version standard et étanche, tous autotestables.

Fonction Sati : un outil pour simplifier les vérifications réglementaires
em66 doss-6Les vérifications de l’installation sont souvent contraignantes et chronophages. Les fabricants ont développé depuis quelques années la fonction Sati (Système automatique de test intégré) qui réduit le temps d’inspection des blocs sans couper le secteur ni manipuler les blocs et de visualiser leur état de fonctionnement, et ce, de façon automatique.
Legrand a créé notamment Sati AutoDiag, un système de surveillance pour signaler en temps réel l’état d’une installation de blocs ECO 1 sur un afficheur à LED Mosaic Sati AutoDiag. Fabrice Morton explique : « Le système comporte un afficheur à placer dans un lieu visible. Si tout fonctionne normalement, son voyant reste vert. Si un bloc est défectueux ou vandalisé, si la ligne télécommande est défectueuse, ou en cas de dysfonctionnement de l’afficheur ou de la télécommande, le voyant clignote rouge et le buzzer relié émet un signal sonore. L’exploitant connaît donc l’état de son parc en temps réel en un seul coup d’œil sur l’afficheur, ce qui le dispense de faire le tour de l’installation pour vérifier chaque bloc, quand cela n’est pas nécessaire (voyant vert). »


em66 doss-7En remplacement des produits existants installés, Béhar Sécurité propose toute une gamme de kits adaptables aux platines de raccordement déjà en place. Citons, entre autres, ETAL 38093 tout LED, autotestable Sati, qui remplace ECTAFE (330 x 70 x 243 mm), d’ancienne génération.
Luminox décline Planète dans de nombreux modèles dotés du système Sati qui, pour certains, peuvent aussi s’utiliser en mode adressable avec supervision centralisée.

Optimiser la maintenance par la gestion centralisée
Les systèmes adressables rendent possible l’optimisation des coûts et du temps d’intervention en cas de défaut. Il s’agit d’une gestion centralisée de l’installation grâce à laquelle la position du BAES ou du LSC défectueux et la nature de la panne peuvent être déterminés. Les informations concernant l’état de l’installation peuvent même être recueillies à distance par une simple connexion Internet ou GSM, afin de faciliter le suivi et la maintenance de l’éclairage de sécurité sur un outil de gestion technique du bâtiment.


em66 doss-8Ura a notamment développé Uravision, équipée d’une interface TCP/IP, qui peut s’intégrer facilement sur le réseau Intranet et gérer jusqu’à 1 023 BAES sur une centrale ou 3 069 BAES sur trois centrales chaînées. Luc Sersiron explique son fonctionnement : « L’interface du logiciel a été pensée de manière à donner soit une vision d’ensemble de l’installation (nombre de centrales, de BAES, de BAES en défaut et pourcentage de défaut), soit une vision dédiée avec la possibilité de zoomer sur des fonctionnalités précises (sélection géographique, sélection des types de défauts…). » La fiche individuelle de chaque BAES permet de consulter les informations du BAES sélectionné, la zone de commentaires, les documents complémentaires et la localisation du BAES sur le plan de l’établissement s’il a été préalablement enregistré.
Schneider Electric, de son côté, a développé le système adressable Dardo Plus, qui centralise et automatise les contrôles obligatoires des petites installations (une unité de contrôle et 100 blocs) comme des grands ensembles (32 unités de contrôle et 3 200 blocs). Chaque bloc autonome d’éclairage de sécurité est repéré par une adresse unique. Grâce à l’interface DCM, la supervision et le contrôle de l’installation peuvent s’effectuer en local via une connexion RS232, à distance via un réseau LAN (connexion Ethernet), avec le logiciel Dardo Plus PC Lite, ou encore avec un simple navigateur Internet, grâce à la fonction Web serveur intégrée à l’interface.
Les technologies pour s’assurer du bon fonctionnement de l’installation sont disponibles, mais souvent mal connues. C’est pour cette raison, que le comité Métier éclairage de sécurité d’IGNES a lancé une vaste campagne « Faire bloc pour la maintenance de l’éclairage de sécurité » (voir édito) qui se poursuivra durant toute l’année 2014.

Isabelle Arnaud

Entreprises mentionnées

BEHAR SÉCURITÉ
COOPER
ETAP LIGHTING
IGNES
KAUFEL
LEGRAND
LUMINOX
SAMMODE
SCHNEIDER ELECTRIC
URA

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