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 Solution technique - Avril 2014

Les systèmes de vidéosurveillance


Surveiller n’importe quoi à distance : la vidéosurveillance est associée aux applications de traitement d’images ou de son pour se forger une intime conviction sur le monde qui nous entoure.

 

em67 ST-2La vidéosurveillance est utilisée pour protéger les personnes, les produits et les sites sensibles, surveiller prisons, musées et entrepôts… et tous les lieux où de la valeur transite, engendrant des risques de vol, de vandalisme. Pour Philippe Montreuil, responsable formation au CNPP, laboratoire indépendant tierce partie du réseau Cofrac, « pour réaliser un système de vidéosurveillance, la première question à se poser est “que veut-on voir ?” On peut surveiller un espace sans nécessairement chercher à reconnaître les gens qui s’y trouvent, afin de comprendre une situation… On peut aussi vouloir identifier des individus sur lesquels un plan serré est réalisé. »
Pour concevoir un système de vidéosurveillance, l’analyse de risque est primordiale. Une certification de service en vidéosurveillance, reconnue par l’administration française, permet de réaliser des installations en déposant des dossiers simplifiés : la certification APSAD vidéosurveillance délivrée par le CNPP conjointement avec Afnor Certification ou la certification du SVDI, qui intervient avec le bureau de contrôle Veritas.

La saisie des images de vidéosurveillance
Pour produire des images de vidéosurveillance, il faut disposer de caméras optiques ou thermiques dont le choix dépend des contraintes environnementales (luminosité, brouillard, distance, contre-jour), mais aussi des risques de vandalisme. Une nouvelle caméra offre une vision nocturne à plus de 30 m ; elle renferme un gyroscope de façon à avertir le télésurveilleur si quelqu’un décidait de déplacer la caméra au cours de sa surveillance.
La solution analogique présente l’avantage d’offrir une très bonne qualité, de bénéficier d’une très large offre sur le marché, mais la liaison par un câble coaxial de longueur limitée est inévitable. Le numérique permet d’envoyer un signal sur de grandes distances et de s’affranchir du fil de connexion par le recours aux technologies hertziennes (Wi-Fi, WiMax, transmissions satellitaires…). La résolution de la caméra numérique dépasse le mégapixel (de 2 à 5 Mpixels) et vogue vers les 10 ou 12 Mpixels, ce qui permet de zoomer dans l’image. Des normalisations assurent l’interopérabilité des équipements, avec deux grands consortiums : Onvif, l’Européen, qui a pris la main sur le second, américain (Psia).
Les images sont transmises par des canaux analogiques, numériques ou sur IP, ce qui rend possible le recours à Internet pour déployer un réseau important d’enregistreurs et de caméras dans le monde entier. Les caméras requises pour la vidéosurveillance sur IP génèrent des mégapixels, d’où un flux vidéo énorme et une bande passante extrêmement chargée. Alors, comment réduire le flux sinon en compressant l’image ? Le Moving Picture Experts Group a élaboré une norme de codage d’objets audiovisuels, le format standard MPEG-4 ou ISO/CEI 14 496, qui spécifie des techniques pour gérer le contenu de scènes comportant des objets audio-vidéo : les usages de MPEG-4 concernent toutes les nouvelles applications multimédias, comme le téléchargement ou le streaming sur Internet, le multimédia sur téléphonie mobile, les jeux vidéo, la télévision, les supports en haute définition. Le Video Coding Experts Group (VPEG) a franchi un pas supplémentaire avec le standard H.264, qui est devenu le standard de la vidéosurveillance.
Les caméras envoient directement l’image compressée vers des enregistreurs IP, analogiques ou hybrides, avec des capacités de stockage comprises entre 400 Go et 12 To. Les données sensibles nécessitent de la redondance, obtenue pour la vidéosurveillance avec la technologie RAID 5 ou RAID 6 : des grappes de disques indépendants tournant 24 heures sur 24. Les informations sont inscrites simultanément sur plusieurs disques, sans perte de vitesse de lecture ou d’écriture sur les autres disques. Il est possible d’arrêter et de sortir un disque de l’ordinateur (pour en mettre un autre), sans arrêter le système de vidéosurveillance… Technologie essentielle pour la vidéosurveillance quand on souhaite se prémunir contre tous les risques.
Au-delà de l’enregistreur numérique, apparaissent des moyens d’enregistrement sur le Cloud. Il s’agit d’externaliser le matériel le stockage et l’exploitation dans d’énormes sites de stockage qui proposent une sécurisation ultime. Mais le passage au Cloud implique une réflexion profonde sur la sécurisation proposée par le datacenter. Ce sont les opérateurs propriétaires des liaisons par fibres optiques, associés à des fabricants, qui feront des offres de service assurant un fonctionnement permanent et une pérennité sans faille du service.

 

em67 ST-4Pour Philippe Montreuil, des caméras intelligentes vont offrir la capacité de traiter les seules informations utiles : détection de mouvement, reconnaissance de visages, reconnaissance de caractères… La relecture des images est aidée par des outils d’analyse comportementale qui déclenchent la caméra de vidéosurveillance en cas d’anomalie dans les mouvements de foule, d’émergence de cris, de gestes brusques, de courses rapides, de repérage de personnes se dirigeant à contresens…

 


Voir sans être vu
Aux écrans cathodiques lourds, encombrants, consommateurs d’énergie d’antan, succèdent les écrans plats LCD, LED, voire OLED de haute définition, mettant en œuvre des dalles de dimensions beaucoup plus importantes, autorisant l’affichage de davantage d’images avec une ouverture sur l’hypervision (affichage sur un même écran des images de vidéosurveillance et des informations relatives au contrôle d’accès, à la détection d’intrusion, l’interphonie). Mais… la surveillance peut faillir quand le vidéosurveilleur attend longtemps l’apparition d’un événement qui ne se produit pas. Quel est alors le bien-fondé de l’affichage de tant d’images ? Des réflexions ergonomiques conduisent à envisager de n’afficher qu’une seule image au moment précis où surgit l’événement. La technique OLED possède à cet égard de nombreux avantages par rapport aux LCD : meilleur rendu des couleurs, meilleur contraste, angle de confort de vision plus étendu, temps de réponse inférieur à 0,1 ms…

Choisir son système de vidéosurveillance
D’abord s’assurer de la conformité à la réglementation française : l’arrêté du 3 août 2007 portant définition des normes techniques des systèmes de vidéosurveillance. « Les caméras doivent être capables de prendre des images de résolution minimales de 258 x 352 pixels dès lors que l’on fait des plans larges permettant de comprendre la teneur de l’événement filmé, détaille Philippe Montreuil (CNPP), ou de 576 x 704 pixels pour des plans serrés, de façon à avoir une qualité d’image autorisant l’identification sans hésitation des personnes présentes dans l’image. » L’enregistrement d’images ne doit pas être conservé plus de 30 jours. Toutefois, sur injonction judiciaire, il faut pouvoir relire les images même après un laps de temps supérieur pour garantir la manifestation de la vérité. Attention à ne pas filmer n’importe quoi à partir d’une vidéosurveillance urbaine : sont interdits, entre autres, les halls d’immeubles et les parties privatives des appartements. Le paramétrage du système de vidéosurveillance doit prévoir des zones de masquage ou de floutage dès lors que l’on oriente la caméra vers une zone interdite.

Jean-Claude Festinger

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